Elle en pire
Elisabeth Sparkle (Demi Moore) ne fait plus rêver. Son corps se fissure un peu plus chaque jour sur Hollywood Boulevard. Une étoile sur le Walk of Fame qui ressemble désormais aux scènes fanées d'un...
Par
le 10 oct. 2024
158 j'aime
8
Bonjour à toutes, bienvenue à un nouveau « bien fait pour vos gueules », le cours cuisse-abdo fessier en mixité choisie qui vient puiser l’énergie de toute la culpabilité dégoûtante que vous trainez avec vous, et qui en fait enfin quelque chose d’utile !
Allez, on commence les filles ! En position ! Et on squat, on squat. On repense à toutes ces fois où on a écouté des hommes qui nous disaient qu’il faut être belles pour exister, et surtout, on se rappelle qu’on a été assez idiotes pour les écouter. Et on y va, on met de l’é-n-e-r-g-i-e. On se rappelle bien qu’il n’y a qu’une seule coupable ici, c’est nous. Maintenant on reste en bas, on fait des petits "push", "push", et on s’imprègne bien du constat qu'on est des bonnes à rien. Allez ! Et surtout, on n'oublie pas de mettre toute cette belle énergie dans son alignement pied-genou. Allez, les filles, on y va, on y va ! Ça fait mal ? Tant mieux, c’est le but.
---
Au 21e siècle, les femmes n’ont plus besoin de personne. Pas même des réalisateurs masculins et leur regard avilissant. Elles savent tout faire toutes seules. Elles savent parfaitement comment transformer les corps féminins en des objets à prendre et à jeter, des choses fascinantes et plastiques, des prothèses à malmener, tordre en gros plan. Elles savent écrire un film dans lequel les personnages féminins n'ont pas d'existence propre, ne sont qu’une surface lisse –sans substance– au point que le spectateur ne développe aucune empathie, aucune pitié pour le destin cruel de leur corps. Elles savent parfaitement transmettre au spectateur l’idée que vieillir (un phénomène répugnant qui arrive à 50 ans), est la pire chose qui puisse arriver aux femmes. A vrai dire, elles y parviennent même mieux que les hommes, puisqu’elles ont avec elle leur passe-droit féministe qui accorde une diffusion démesurée à un film plutôt mauvais, et franchement problématique.
D'après la promo du film, Fargeat voulait faire un film féministe, critique. Avant toute chose, il faut dire que sa critique est un peu datée et qu'elle est assénée au spectateur à coup de marteau-piqueur (un propos plutôt grossier et des références cinéphiles servies jusqu’à nausée). Mais soit. Il reste sans doute des gens à convaincre, des gens qui pourraient aller regarder ce film entre amis, mais qui ne liraient jamais de livre féministe.
Sauf que. Pour être critique, un film ne devrait-il pas être émancipateur ? Ne devrait-il pas chercher à libérer ses protagonistes de leur carcan, ne devrait-il pas utiliser la caméra pour décaler le regard, pour proposer quelque chose d’autre au spectateur ? Dans the substance, les victimes sont traitées avec une cruauté extrême, tandis que les oppresseurs sortent intacts après deux (très longues) heures vingt. Pour Fargeat, les femmes sont responsables de leur malheur. Alors, du début à la fin du récit, ce sont elles qui perdent tout.
Créée
le 25 nov. 2024
Critique lue 44 fois
1 j'aime
D'autres avis sur The Substance
Elisabeth Sparkle (Demi Moore) ne fait plus rêver. Son corps se fissure un peu plus chaque jour sur Hollywood Boulevard. Une étoile sur le Walk of Fame qui ressemble désormais aux scènes fanées d'un...
Par
le 10 oct. 2024
158 j'aime
8
Idée maline que d’avoir sélectionné The Substance en compétition à Cannes : on ne pouvait rêver plus bel écrin pour ce film, écrit et réalisé pour l’impact qui aura sur les spectateurs, et la manière...
le 6 nov. 2024
102 j'aime
11
The Substance vient tristement confirmer qu'entre Coralie Fargeat et le masqué, ce ne sera jamais une grande histoire d'amour.Car il a retrouvé dans son nouveau film toutes les tares affectant son...
le 8 nov. 2024
70 j'aime
15
Du même critique
Un prolo, c’est gentil, c’est digne et ça courbe l’échine sans broncher. Un juif, c’est new yorkais, c’est riche, ça porte des lunettes d’esthète et ça sait quand applaudir en public. Un homme...
le 21 mai 2024
18 j'aime
Le film se déroule le jour où Vincent (Jonathan Zaccaï) retrouve Noémie (Agnès Jaoui), la première femme qu’il a aimée et qui l’a quitté du jour au lendemain trente ans plus tôt. Depuis, Noémie est...
le 3 nov. 2023
5 j'aime
Claire Denis cherche à filmer les êtres au plus près depuis ses premiers films. Selon moi, elle atteint un sommet de sensualité avec stars at noon. Jamais je n’avais vu caméra balayer de si près les...
le 29 nov. 2023
4 j'aime