Difficile de rester insensible devant The Substance tant le film fait tout pour faire réagir son spectateur par l'image. La proposition esthétique est extrêmement maitrisée sur tous aspects, faisant cohabiter un univers pop, très restreints et vulgaire - en adéquation avec le monde de la TV qui est décrié - et des images de corps torturés, piqués, déchirés, déformés. Dans ces deux pans de l'imagerie, les inspirations sont nombreuses et pas toujours très subtiles.


Mais la subtilité n'est de toute manière pas recherchée, et surtout pas dans l'écriture des personnages, tout plus caricaturaux les uns que les autres. Le scénario ne s'embarrasse pas non plus de logique, si c'était le cas l'histoire s'arrêterait bien plus tôt.


Là ou le problème principal apparait, c'est dans le traitement des thèmes abordés et dans le message délivré, ce n'est pas qu'un film en est besoin, mais celui-ci semble vouloir en faire passer. Au départ le film semble vouloir dénoncer l'âgisme subit par les femmes et imposer par les hommes, mais le personnage d'Elisabeth (Demi Moore) qui n'est guidé que par son égocentrisme et la caricature trop absurde pour les rendre crédibles une seule seconde qui est fait de la majorité des hommes tout le long du film semble ont plutôt tendance à renvoyer la critique de l'âgisme que s'impose la femme elle-même.

Point renforcé par le fait que le duo Elisabeth / Sue se fait détruire par l'égoïsme de Sue, qui découle naturellement de celui d'Elisabeth puisque Sue n'en est qu'un déclinaison plus "parfaite". De la même manière, le choix de Sue de se jeter dans les mains du même homme qui a détruit Elisabeth ne revient qu'à Sur, qui le fait en toute connaissance de cause.

De même que le choix qui est fait de faire passer le combat contre le temps par une création scientifique d'un autre soit, peut s'apparenter à une critique de la PMA, alors que je pense pas que le propos souhaité soit celui-ci. Toute la dernière partie du film, s'enfonçant toujours plus dans la surenchère d'effets grotesques, participe également à brouiller la lecture du métrage dans la recherche d'images toujours plus chocs, en vain. Et c'est étrange de la part de Coralie Fargeat d'autant se mélanger les pinceaux sur cela car à côté de cela elle semble vouloir être sûr que l'on comprenne bien tout, en sur-appuyant certains éléments avec très peu de finesse.


Le film est donc une réussite esthétique, les images réussissent parfaitement à être dérangeante quand elles le veulent (ne soyez pas phobique des aiguilles), aguicheuses quand elles le veulent (les fesses de Margaret Qualley sont partout). La mise en scène, le montage, tout va dans le même sens avec une grande maitrise. Rien que pour cet emballage, le film vaut le coup. Dommage que le reste soit loin d'être aussi maitrisé.

rtkchbr
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le 29 nov. 2024

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