J’ai revu ce film, c’était indispensable.
Le film suit les aventures d'une lycéenne, Lillian (Talia Ryder) le long de la côte est des États-Unis. Le trip commence à Washington DC. Au cours de son voyage surréaliste, Lillian va rencontrer un artiviste, un chef de secte islamique et deux cinéastes noirs réalisant un drame d'époque inspiré de la construction du canal Érié.
Elle rencontre aussi un professeur de littérature du XVIIIe siècle, suprémaciste blanc, intellectuel chaste qui la prend sous son aile, l'habille avec les vêtements de sa mère décédée et lui parle à la fois de la «culture dégradée» américaine et de «l'intelligentsia européenne condescendante». Il cite quelques vers d’Annabel Lee d’Edgar Allan Poe, ne regarde que des films muets et n'aime pas tout ce qui est «trop contemporain».
The Sweet East est un film consciemment désordonné, tant dans ses personnages que les lieux où Lilian va vivre ces trente jours avant de rentrer chez elle, dans ce bungalow d’une modeste banlieue de Caroline du Sud, drapé de drapeaux étoilés et à rayures.
The Sweet East, avec son image délavée et granuleuse (en 16 mm) confère à l'image un aspect documentaire des années 1970, se révèle comme un film indéniablement exaltant, surréaliste et satirique, et pas tout à fait de ce monde.
À l'exception de Riddle of fire, je n’ai pas vu cette année de film comparable. Il s'agit d'une œuvre d'art risquée et sans compromis, qui reconnaît la complexité des traditions politiques et philosophiques américaines et le désordre dans lequel elles nous laissent tout en refusant de prendre parti.