Pour autant que j'ai pu le comprendre, ce film est censé illustrer l'état de déliquescence dans lequel se trouvent les États-Unis (ou peut-être leur côte est, pour qui chercherait à interpréter son titre, allez savoir...). Un pays miné par l'ignorance, la cupidité et la vente libre des armes à feu. Tout ça à travers le parcours, qu'on pourrait qualifier d'initiatique, d'une étudiante en fugue qui va se retrouver embringuée dans diverses affaires louches. Certains ont risqué l'hypothèse d'une sorte d'anti Alice au pays des merveilles; je ne l'ai pas lu, je préfère donc m'abstenir sur ce point.
On va ainsi suivre Lilian dans plusieurs situations successives : springbreak avec sa fac (étudiants débiles, alcool et dope), fusillade dans un bar trouvant son origine dans des soupçons (complotistes ?) d'orgies pédophiles qui se tiendraient au sous-sol de celui-ci, participation à une action foireuse menée par des activistes anarchistes, quelques jours de vie commune avec un universitaire d'extrême droite, début de starisation suite à une rencontre avec deux cinéastes blacks déjantés, l'inévitable tuerie de masse et enfin planque dans un camp d'entrainement d'islamistes qui semblent préparer un attentat. Et il ne faudrait pas oublier l'épilogue, où Lilian retrouve son abrutie de meilleure amie.
Tout ça nous donne un film un peu décousu, pas désagréable en fait, mais pas captivant non plus. A noter le traitement curieux qui est réservé aux antifas étasuniens, qui ne sont guère présentés sous un jour flatteur. Ceux du film Sabotage, qui présentaient les mêmes marqueurs culturels (look punk, piercings...ce que l'on ne retrouve pas forcément chez leurs homologues européens), étaient tout de même plus déterminés et plus malins. Il faut dire que le film tape tout de même, sans distinguo, avec une force équivalente sur tout ce qui n'est pas dans la norme de l'American Way of Life, telle qu'on pouvait, en France, se le représenter à la fin du vingtième siècle. Difficile donc d'en extraire un message politique clair; j'y ai plutôt vu un portrait désenchanté.
Ce qui par contre ressort très clairement, c'est qu'il s'agit d'une opération marketing destinée à lancer la carrière de l'actrice principale du film, Talia Ryder. Que l'on voit sans arrêt dans le film, dans diverses tenues et attitudes, sans d'ailleurs - soulignons le - qu'elle soit excessivement érotisée. Difficile à vrai dire de porter un jugement sur ses qualités d'actrice : joue-t-elle vraiment un personnage où est-elle simplement naturelle ? Ses films suivants, qui ne vont pas manquer d'arriver rapidement je crois, nous en diront plus long sur sa capacité à changer de registre...