Lilian, lycéenne esseulée et indécise en voyage de classe à Washington, passe littéralement de l'autre côté du miroir pour découvrir le monde à sa façon. À la croisée entre une Alice au pays des merveilles et une Jenny de Forrest Gump, elle entame une balade au gré des personnages plus ou moins incongrus qu'elle rencontre et d'une certaine idée de l'Amérique : punk petit bourgeois, académicien nazi, réalisateur bobo en fascination devant les années 70….
L'intérêt du film réside dans sa capacité à sortir des ornières. Malgré l'insouciance de Lilian, elle papillonne sans grande conséquence il ne lui arrive jamais rien de dramatique. Ainsi les personnages déjouent nos attentes, À l'image de cet académicien dévoué aux idéologies suprémacistes mais étrangement respectueux de la jeune femme. On peut également citer le camp d'entraînement énigmatique et 100% masculin, que chacun pourra lire à l'aune de ses propres préjugés.
Mais c'est aussi une expérimentation cinématographique qui mélange les références en année 70 80 et 90 dans un monde contemporain. Sean Price Williams sait là aussi nous surprendre avec des changements parfois radicaux de rythme et de style, le tout pimentée d’un humour assez cynique. Le film s'offre également des passages en animation, maquette et effets visuels ; s'ils sont souvent maladroits ils participent à une certaine candeur et une certaine fantaisie qui entoure le film. Talia Ryder et assez magnétique dans le rôle principal, ni ingénue ni cruelle, plus perdu qu'autre chose. Elle permet en un sens un rapport d'étonnement par rapport à ce qui l'entoure, ce qui retient ou non son attention, sans jugement de valeur préétabli, encore une fois comme le personnage de Lewis Carroll.
Finalement The Sweet East exige de se laisser porter entre de belles réussites et quelques cafouillages, certaines scènes très subtiles d'autres beaucoup plus lourdes. Si j'ai bien aimé certains aspects du film, je n'ai tout de même pas tout à fait adhéré à la balade proposée.