The Taste of Tea par klauskinski
En ancrant son intrigue dans un milieu champêtre, Taste of tea procure d'abord le plaisir devenu rare de retrouver un cinéma japonais non urbain, loin de la frénésie habituelle. Le réalisateur navigue avec une habileté jamais prise en défaut entre les membres d'une famille loufoque pour nous offrir un portrait choral dont les différents morceaux s'imbriquent lentement. Il fait preuve d'une maîtrise technique assez incroyable en offrant un très large éventail d'effets, et fixe ainsi les nombreuses séquences oniriques au sein même de la réalité. Il installe une atmosphère langoureuse en parvenant à retranscrire à l'écran la temporalité de la vie réelle ; l'ambiance, cependant, tire vers une sorte de douce irréalité grâce à un travail formel (emploi du plan large) et sonore (chant constant des oiseaux) qui inscrit les personnages dans un rapport quasi fusionnel avec la nature. Taste of tea recèle ainsi une certaine grâce absurde et atteint par séquences un vrai pouvoir de sidération du spectateur par sa beauté simple. Du grand cinéma, donc.