Film de son époque s’il en est, The Terror Live est un huis clos dans la lignée de Phone Game (2002) de Joel Schumacher. Ici, le héros n’est pas dans une cabine téléphonique mais dans un studio de radio, qui deviendra par la suite un studio de télévision. Comme son aîné américain, le film se déroule plus en moins en temps réel, repose sur une communication téléphonique et a pour particularité de mettre en avant de manière particulièrement proéminente son héros.
Et voilà la grande force de The Terror Live : Ha Jung-Woo. Très présent depuis quelques années sur les écrans coréens, Ha Jung-Woo s’est fait remarquer en tueur psychopathe dans The Chaser (2008), en gangster impitoyable dans Nameless Gangster (2012), en tueur à gages endetté dans The Murderer (2010) ou encore en gigolo dépensier dans Beastie Boys (2008). Apparu dans près de 20 films en 5 ans, Ha Jung-Woo est LE visage du cinéma coréen post-2005. Avec sa peau de gros fumeur, ses yeux à moitié endormi qui contrastent de manière étrange avec sa nervosité et son énergie explosive, Ha Jung-Woo est un acteur d’un talent absolu, capable de jouer à peu près tout avec la même conviction et la même passion. The Terror Live lui offre l’occasion en or pour montrer son talent. Le film entier repose sur lui.
Attention, car le scénario n’est pas non plus en reste. Malgré une crédibilité parfois limite, la qualité du suspense et un rythme hautement efficace assurent 1h37 sous haute tension. Mieux encore, le film s’offre le luxe de dénoncer un système politique coréen autoritaire, gardant les traits d’une dictature pas si lointaine (le personnage du chef de la police), corrompu et ancré dans des logiques passéistes. Le final, qu’on a peur de voir cafouiller un instant et une fois de plus en pleurnicherie bas de plafond et d’annuler tout ce que le film venait de nous dire, réussit à se rattraper in extremis dans une dernière minute assez fabuleuse et un plan final qui restera au moins dans certaines mémoires. On notera aussi la relative originalité de l'ensemble (malgré le pompage outrancier niveau bande-son sur le "Tick of the Clock" (The Chromatics), présent sur l'OST de Drive, assumé?).
On espère que le film emboîtera le pas à d’autres productions originales dans la péninsule, et cela pourra bien être le cas : sur un petit budget de 2.5 millions de dollars, le film se fraie en ce moment une très belle deuxième place au box-office coréen, derrière le mastodonte « Le Transperceneige » (produit sur un budget presque 20 fois supérieur).