The Thing.
J'aimerais bien, comme tant d'autres senscritiqueurs, me lancer dans un éloge dithyrambique et une profonde analyse de ce chef-d’œuvre signé Big John. Le problème, c'est que je suis un abruti. Je vais donc employer toute mon incompétence à vous exposer le minimum syndical, à savoir parler du film, et ce qu'il vaut.
Pour les 3 du fond qui ont dormi pendant 30 ans, c'est quoi The Thing ?
Eh bien, en Antarctique, dans une base de chercheurs reculée très très loin dans le froid et la neige, apparaît sans crier gare un extra-terrestre fort peu recommandable, puisqu'il se met en tête de se débarrasser de ses nouveaux voisins en leur croquant la tronche, ces derniers décident de se défendre parce que bon, la colocation ça va 5 minutes, mais si l'autre paye son loyer en croquant des gens, ça le fait pas trop...
Et là, jeune prépubère que tu es tu me diras : "Ouais, mais c'est trop Alien en fait, va y c'est trop du plagiat, casse toi avec ton film pourri !"... Sauf que la Chose est en fait une créature métamorphe qui peut prendre la forme de toute personne qu'elle dévore, et ne copie pas seulement leur apparence mais aussi leur voix, leur gestuelle et même leurs souvenirs ! Et du coup c'est la merde !
En effet, le génie du film, c'est son suspense insoutenable : A tout instant on se demande quel personnage peut en réalité être la Chose, et ses diverses apparitions vous feront sans doute vous écrier : "Ah mais en fait la Chose, c’était machin depuis le début, je l'avais pas vu venir !". Tout passe par le hors-champs, les non-dits.
D’ailleurs les personnages du film sont eux même conscients des pouvoirs de la Chose, ce qui fait que dès que l'un d'entre eux a une attitude jugée suspecte, il peut très facilement devenir un bouc émissaire. Les disputes et les accusations à voix haute sont légion C'est en cela que je trouve The Thing supérieur à Alien, qui a un pitch de départ similaire : On ne suit pas seulement un groupe de personnages qui luttent contre une menace indicible et, à priori, invincible alors qu'il n'ont pas l'armement adéquat, on voit également une lutte au sein même du groupe pour déceler la Chose tapie parmi eux; je pense notamment à cette scène extrêmement forte et très connue avec les bocaux de sang, au paroxysme du suspense.
Mais globalement, le film est loin d'être très optimiste. Il nous montre un groupe d'individus mis dans une situation extrême qui va exacerber leurs sentiments les plus sombres et les pousser à la paranoïa et la violence.
Carpenter est un grand nihiliste qui prête peu foi au genre humain, si ceux-ci se sentent dépassés, ils agiront de manière désorganisée et autodestructrice, et même si dans le chaos, un semblant de raison peut surgir, il sera trop tard, la menace l'aura déjà emporté.
A saluer également l'excellente BO composée par Ennio Morricone himself (et pas Carpenter, pour le coup, ça fait bizarre), notamment le thème de la Chose, sombre et pesante quoique parvenant à rester subtile, soulignant que la menace est partout, et peut-être même enfouie en nous...
Enfin, je noterais les sublimes effets apportés aux apparitions de la Chose, qui, étant métamorphe, attaque en déformant son corps et en transformants de parties d'elle même en armes, ce qui donne des effets visuels en animatronique assez bluffants et très organiques, même pour aujourd'hui, et qui, je pense, rappelleront des bons souvenirs aux joueurs de Dead Space.
Bref, The Thing, c'est du tout bon, si vous avez jamais vu, je vous le recommande très très chaudement, vous verrez, c'est bien. En tout cas, les autres vous diront mieux que moi à quel point c'est bien.