Je l’ai vu lors de sa sortie. Je me souvenais de la terreur de mon pote Arnaud, de ces bonds dans la salle de cinéma, de la musique grinçante et de la peur qui montait. J’avais oublié le reste.
Avouons que The Thing a bien vieilli. Les effets spéciaux « latex et mayonnaise » font le job. John Carpenter nous projette avec délectation dans son enfer froid et nihiliste.
J’ai maudit les salopards qui chassaient cette pauvre bête, avant que la mémoire ne me revienne. Violemment. Je n’avais pas tout oublié. La terreur, pas celle d’Arnaud, la mienne, était encore là. Elle sommeillait, prise dans les glaces depuis 35 ans. J’étais Kurt Russell, méconnaissable sous la barbe et les cheveux longs.
Douze scientifiques hivernent dans l’Antarctique. Coupés du monde. Un scénariste malicieux a truffé la base de lance-flammes, explosifs, grenades et fusils à pompe. Le chien est contaminé, il héberge une créature extraterrestre hostile et métamorphe. La chose ne craint que le feu, d’où l’intérêt des lance-flammes. Chacune de ses cellules est potentiellement mortelle, or le chien a divagué en liberté. La chose est intelligente... L’hélicoptère est saboté, la radio détruite et la tempête redouble. Qui de nous a été infecté ? La paranoïa galope, les esprits s’échauffent et les armes aboient. La mort rode, une mort moche. Chiens et potes sont bouffés de l’intérieur par l’immonde créature. L’humanité est foutue. Il nous reste 27000 heures, c’est l’ordinateur qui a fait le calcul, profitez-en ! Tout est foutu.