J'ai décidé de revoir ce film qui lorsque je l'avais vu pour la première fois m'avait laissé un sentiment d'inconfort. Inconfort car si j'étais enthousiasmé par sa plastique et sa beauté formelle, j'étais en revanche plus que réservé sur son mysticisme qui frisait parfois avec une bondieuserie par trop envahissante.
Malgré tout ce film restait en moi et il était évident qu'il faudrait que je le revois, chose faite aujourd'hui. Est-ce que sachant déjà cette part religieuse qui l'habite mon esprit était prêt à appréhender d'autres niveaux de lecture ? Toujours est-il que je suis beaucoup plus convaincu et même totalement séduit par ce film, particulier, hermétique, nimbé de symbolisme desquels on peut autant déceler de syncrétisme que de scientisme, radical tant dans sa forme que dans son fond.
Terrence Malick pose encore une fois la question de la place de l'homme au sein d'un grand tout cosmologique (créationniste ou évolutionniste Malick expose les deux visions non pas en parallèle ou en opposition mais comme liées entre elles et égales dans la construction de l'humanité) qui dépasse la compréhension, jouant sur les échelles et de temps et physiques, invitant par sa caméra d'une fluidité rare et sa narration non linéaire qui ne cherche pas à perdre son spectateur comme j'ai pu lire dans des critiques négatives mais au contraire à nous faire réaliser l'impermanence et la vacuité.
"The tree of life" déjà dans ce titre évoque ce désir d'enraciner au sol, aux origines une odyssée de la vie qui se poursuit aujourd'hui et se poursuivra bien après nous, poussant les branches plus haut, plus en avant et de nous questionner sur ce qui compte vraiment le temps de notre court passage comme branche de cet arbre de vie.
Au final qu'on l'appelle Dieu ou évolution le résultat est le même, la vie avance, qu'importe nos réussites, nos regrets, nos erreurs ou nos palmes, dès lors qu'on se libère des questions inutiles.
Je comprends les réserves exprimées par les personnes n'appréciant pas ce film, qui aux regards des autres oeuvres de son réalisateur n'a rien d'incohérent dans sa filmographie et dans les thèmes qui traversent ses films, mais si j'ai pu en partager certaines, je pense aujourd'hui après l'avoir revu qu'il faut se départir de cette impression sciemment construite par Malick d'un film aux limites du prosélytisme, pour au final se révéler beaucoup plus ouvert aux pensées des lumières qu'il ne parait. Toutefois si le style souvent hermétique de Malick et ses coquetteries de mise en scène ne vous ont jusqu'ici jamais convaincus, ce n'est pas celui-ci qui pousse jusqu'au bout ses idées qui y arrivera.
De mon côté je le considère désormais comme l'un de ses meilleurs et je le note 10 étoiles sans hésitation.