Lorsque sa fille Min-Jin disparaît, Yeon-Hong est désespérée par le comportement de son mari qui convoite un siège à l'Assemblée Nationale et que l'absence de l'adolescente ne perturbe pas.
The Truth Beneath de Kyoung-mi Lee était assurément un des films les plus attendus du festival. Et l’on peut dire qu’il ne déçoit pas. Le film, bien loin de son affiche un peu nanardesque, est un véritable thriller, qui puise et trouve sa source dans de multiples genres du cinéma.
Le film, comme l’explique sa réalisatrice, est très dense. Ainsi, on est immergé de données tout au long de l’enquête, toutes utiles finalement, aucune vraiment délaissée. Le métrage propose une critique sincère des politiques et de manière plus générale de la vie familiale parfaite faussée : la mère ne connaît rien de sa fille. Et au final, ce qui retranscrit le mieux ce film, c’est la volonté de la mère de renouer avec sa fille, de la comprendre, de suivre ses traces et d’élucider le mystère de sa disparition, d’apprendre de ses amies, et s’attacher à ses goûts. C’est le parcours d’une mère qui veut se rapprocher de sa fille. C’est le parcours d’une mère qui s’accroche, et qui va tout tenter afin de comprendre ce que tout le monde ignore, et comprendre ce que tout le monde veut ignorer. Comme beaucoup de films coréens (à priori très forts dans le domaine du suspens, en témoignent les films de Park Chan-wook, ou ceux de Na Hong-Jin, et notamment son dernier film The Strangers, véritable petit bijoux d’invention et d’exercice de style du cinéma coréen), The Truth Beneath adopte un style très particulier, un mélange de suspens, de drame, d’horreur, mais aussi d’espoir.
Le film présente des personnages féminins très très forts. En effet, entre la mère tenace et prête à tout pour comprendre, l’amie de Minjin énigmatique,… la femme est à l’honneur ! En revanche, c’est l’inverse pour l’homme, assez dégradé, notamment dans l’image du politicien véreux obsédé par ses propres intentions. D’ailleurs, le personnage de la mère, Yeon-hong, est l’énorme surprise du film. L’actrice Son Ye-Jin y est spectaculaire dans son jeu, elle permet au film d’avancer sans jamais tomber dans le convenu ni dans l’inintérêt. A chaque fois que l’on pourrait s’ennuyer, ou se désintéresser, le film prend un autre aspect et continue dans son enquête avec de nouvelles données, de nouveaux indices qui permettent des retournements de situation jusqu’à la situation finale, la somme de toute la haine, de la colère et de la détermination de Yeon-hong qui fout une claque magistrale au spectateur.
En plus, le film est super intéressant dans sa réalisation, qui propose des plans magnifiques, et parfois subitement violents.
Je pense notamment à ce plan dans la pluie avec l’amie de Minjin recouverte de sang…
Non, vraiment, The Truth Beneath est très intéressant et propose des tas de choses, et se conclue en apothéose. La bande originale, sans apporter quelque chose de réellement supplémentaire au film, vient soutenir un métrage qui a tout l’air de faire l’unanimité.
Toutefois, le film a quelques failles scénaristiques pour pouvoir accrocher le titre de chef d’œuvre, en plus d’une idée assez basique (même si le déroulement de l’intrigue et de la résolution du problème sont originaux) :
Pourquoi l’amie de Minjin est-elle recouverte de sang sous cette pluie, alors qu’elle a seulement tué le chauffeur dans une voiture, sans ‘y mettre les mains’ ? (peut être en enterrant Minjin, mais autant de sang ? Sur la figure ? C’est bizarre)
Pourquoi la voiture que Minjin conduit a-t-elle une petite mare de sang sur le siège ?
Pourquoi ne pas avoir accordé les 100 000€, et ainsi éviter de tuer quelqu’un par l’intermédiaire d’un tueur à gage ?
Pourquoi, à la fin, le père de Minjin se déplace lui-même afin de rencontrer la mère ? Alors qu’auparavant il a engagé un tueur à gage et ainsi s’est épargné de se déplacer et de se mêler de l’affaire ?
Mis à part ces quelques points, et d’autres moins importants, The Truth Beneath ne possède pas de défauts graves qui pourraient l’entacher.
The Truth Beneath, second film de la réalisatrice décidément à fond dans le cinéma, est un thriller imposant scénaristiquement et esthétiquement. Les acteurs sont au top, et les personnages tous biens écrits. Le dénouement est à la hauteur du reste du film : grandiose malgré ses défauts. La personnalité de la mère est à l’image du proverbe : Il n’y a si petit buisson qui ne porte son ombre. A savoir que le monde n’est composé que d’immondes ordures servant leur intérêt.