Énième adaptation de la nouvelle "Le Tour d’Écrou" de Henry James, The Turning a souffert d'une production tumultueuse avec à l'origine à son bord le réalisateur Juan Carlos Fresnadillo (28 semaines plus tard) et les scénaristes Chad et Carey W. Hayes (le diptyque Conjuring). Mais, réécrit par le réalisateur et Scott Z. Burns (Contagion) qui souhaitaient modifier la trame du bouquin pour livrer une toute autre vision, les voici virés par DreamWorks et remplacés par la plus docile Floria Sigismondi, réalisatrice italienne ayant surtout œuvré dans le clip vidéo et plus récemment à la TV et dont l'unique long-métrage reste le biopic Les Runaways sorti dix ans plus tôt.


En résulte un changement d'acteurs, de ton et un retour au script originel des frères Hayes, plus fidèle à l’œuvre de Henry James et donc plus dans l'esprit de ce que voulait le studio. À quoi aurait ressemblé le film de Fresnadillo, on ne le saura pas. À quoi ressemble le film de Sigismondi ? À tout et rien à la fois, la réalisatrice pondant un long-métrage aussi ennuyeux que raté, aussi inconsistant qu'alambiqué, certes fidèle dans la forme aux écrits de James, avec cette nounou aux prises avec des visions fantomatiques dans une baraque apparemment maudite, mais bien éloigné de la thématique mystérieuse et intéressante du livre. Dans l'ensemble, The Turning ressemble à toutes les productions actuelles et passées, contenant moult jump scares inutiles, des CGI foireux, des acteurs insipides et une mise en scène jamais ou trop inspirée.


Faussement compliqué pour "faire-travailler-les-méninges" mais sans le talent visuel et narratif adéquat, le long-métrage se termine en eau de boudin, à l'image de ces 90 minutes laborieuses et ringardes, amenant un twist aussi pénible que désespérant. Produit de commande impersonnel au possible, empruntant à tellement de films qu'il en devient un patchwork mal fichu, The Turning semble dépossédé, charcuté puis remonté, inconsistant, et ce en dépit de deux/trois plans sympathiquement gothiques volés à Guillermo del Toro. En somme, plus proche de Hantise que des Autres, une adaptation navrante à éviter sans état d'âme.

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le 3 mai 2020

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