A la sortie de The Two Jakes, quand je l'ai vu au cinema, le film semblait foutraque.
Quand je l’ai revu avec les possibilités de l’arrêt sur image et du retour en arrière, cela m’a aidé à comprendre au fur et à mesure les péripéties confuses qui s’enchaînent.
Il me parut bien mieux : un film de détective avec une énigme labyrinthique, à tiroirs, et une narration elliptique, le fonds même du genre, ici poussé à l’extrême.
Nicholson joue très bien son personnage, à la fois un filou et un honnête homme, intéressé par les gains faciles mais quand même un homme moral et résistant à la corruption.
Le film a le style du genre et il en respecte l'esprit ironique, la prise au sérieux des enjeux moraux en plus de - comme dans "le Grand Sommeil », de Howard Hawks, un des modèles anthologiques - l'imbroglio presqu’impossible à démêler. (Rappelons-nous ce que disait Hawks de son film : « Un ami me demandait l’explication finale, j’ai appelé le scénariste - William Faulkner - qui à son tour appela l’auteur du roman - Raymond Chandler - et du diable s’ il ont su me répondre…".
Finalement, je l’ai trouvé pas mal du tout, même s’il n’a pas la perfection glacée du
«Chinatown » de Polanski, dont il est la «sequel ».
Celui-là respectait aussi tous les codes mais il arrivait à être limpide, un paradoxe qui l’a porté à la cime de nos souvenirs pour ce type d’histoire.
Car dans ces films, les intrigues sont cohérentes : même le Grand Sommeil est lisible malgré la coquetterie de Hawks sur son côté inexplicable.
Mais soit le film nous perd car la narration malmène notre attention comme dans The Two Jakes, soit il nous garde bien éveillé jusqu'à la fin car il nous fait tenir le fil de la complexité comme dans Chinatown.
(Note écrite en 2018, publiée en 2024).