Hong Kong affrontant avec une colère frénétique un destin inéluctable.

Quelle horreur ...
Je l'ai vu une fois je ne le reverrai pas une deuxième fois.

Littéralement "l'histoire non-dite", ce film hongkongais de catégorie 3 est une œuvre glaçante en tout point.
4 ans avant la rétrocession d'Hong Kong, et on y ressent dans cette œuvre toute la rage à l'encontre de cet événements inéluctable.

Sauf que la rage en question dépasse l'entendement, des limites qu'un spectateur non-averti en sortirait traumatisé.
Si ce film est destiné aux spectateurs les plus aguerris, il n'est pas pour autant oubliable et sans intérêt.

Le film s'ouvre très froidement, musiques lugubres sorties tout droit d'une caverne obscure (présentes jusqu'à la fin de l'œuvre) sous le feu des disputes qui déverse vers une violence qui nous happe. Le tout est présenté en ralenti afin que le spectateur soit déstabilisé.
La rage déployée sans aucun moralité est issue de cette crainte propre aux hongkongais, se voir retirer le droit le plus précieux, notre liberté. Et ceci se ressent énormément dans ce film, mettant en scène des policiers, qui malgré l'atrocité des événements (on parle quand même de multiples meurtres suivis de démembrements), gardent une certaine gaieté, une désinvolture dans leur travail.
Entre Danny Lee, le chef policier, qui ramène chaque jour des prostitués au poste de police alors qu'il devrait travailler, ses subordonnés qui badinent alors qu'ils s'apprêtent à découvrir le corps massacré d'une victime, Emily Kwan presque obnubilée par le chef et jalouse les prostitués qui seraient plus féminines qu'elle. En bref des policiers oisifs, incompétents et incapables de se charger d'une simple tâche. Des policiers qui ne se gêneront pas de dépasser leur droit légal en allant frapper leur suspect à de multiples reprises, en allant faire des collusions afin de faire cracher la vérité au suspect, et on peut déjà y voir ici les prémices de cette critique à l'égard d'un futur potentiellement dangereux où règnerait la censure, et pour cause, le 11 juin 2021 (soit une semaine après que j'ai écrit ces modestes lignes) est apparu un article sur Bangkok Dost disant que

les autorités hongkongaises pourront censurer tous les films pour atteinte à la sécurité nationale en vertu des pouvoirs élargis.

Adieu le cinéma hongkongais tel qu'on l'a connu par le passé, cette nouvelle vient simplement enfoncer les clous à la porte, car on ne peut pas dire qu'entre les années 2000 et 2020 les hongkongais soient particulièrement libres dans les choix artistiques, obligés parfois de migrer.

Si dans mes mots je dépeins péjorativement l'autorité policière ce n'est en aucun cas pour défendre la victime du film qui est littéralement le diable incarné, un boucher issu des sous-sols infernaux, dénué de toute empathie et capable de supporter à long terme de grosses douleurs. Ce monstre est parfaitement incarné par notre cher Anthony Wong très connu à Hong Kong pour ses rôles de grands méchants.
Mais si, à l'instar d'un Kyung-Chul du légendaire I saw the devil, Wong est impardonnable pour l'atrocité ultime de ses actes, on peut néanmoins y voir en lui un pur produit de ce futur rempli de crainte et de colère frénétique.

Amoureux de ce cinéma, il ne me reste plus qu'à faire le deuil et reposer la tête sur ce passé nostalgique.