L'histoire est en gros celle de Nikita en version coréenne. Le film est de Jung Byung-gil, qui avait réalisé Confession of Murder que j'avais bien aimé malgré ses carences scénaristiques. Je ne prenais pas ce film au sérieux mais cela ne m'empêchait pourtant pas de profiter de son action pêchue. Ce qui n'est pas le cas cette fois-ci.
J'aime beaucoup la manière de filmer les scènes d'action dans The Villainess, tout en adrénaline, sans chercher la visibilité ou la beauté à tout prix mais sans pour autant faire décrocher avec du sur-cutage mal géré, à quelques exceptions près. C'est pas toujours très beau (on a de la très courte focale qui arrondit bien les bords) et la caméra fait sans doute trop de mouvements circulaires ou de va-et-vient mais c'est frénétique, on est pris dans le truc. On voit mal les bords parce que l'héroïne n'a pas le temps de contempler l'environnement et je trouve que c'est très bien comme ça, elle se concentre sur le danger constant. Ce n'est pas esthétique ou confortable mais c'est immersif et le film en donne pour son argent : plans-séquences, caméra qui passe partout et qui fonce vite, variété des situations et action vénère qui n'a pas peur des grosses cascades, notamment dans le climax routier. En gros mon avis à ce niveau est similaire à Confession of Murder, mais le réalisateur pousse plus loin cette fois-ci. Ce que je trouve très bien, ce n'est pas du ciné pépère et ça tente plein de trucs. Ça se casse parfois la figure mais le réalisateur y va à fond et le plus souvent ça fonctionne et c'est énergique. C'est ça que je veux voir.
Le gros problème c'est le scénario. Pourtant je ne me sentais pas d'humeur exigeante à ce sujet, je souhaitais juste que ce soit correctement narré et à peu près empathique à défaut d'être surprenant. J'aimais d'ailleurs beaucoup l'introduction de l'héroïne dans cette agence par sa tentative d'évasion qui lui présente les lieux et la mentalité qui y règne, c'était bien vu. Mais la suite est terriblement mal racontée. On passe du coq à l'âne et on fait des aller-retours dans le temps d'une manière qui manque vraiment de clarté. Exemple : l'héroïne Sook-Hee nous apprend que son père a été assassiné, sans plus de détail, et qu'elle veut le venger. On a alors un plan au ralenti sur un homme qui court et se prend un couteau dans le dos, on se dit que c'est un flashback sur la mort de ce papa et qu'on va nous apprendre ce qui lui est arrivé. Perdu : c'est Sook-Hee qui est en train de se venger. De qui ? Comment en est-on arrivé là alors que Sook-Hee était encore à l'agence il y a peu ? On ne sait pas, c'est comme ça et ferme ta gueule. On n'est pas loin du point Suicide Squad au niveau de ce montage là.
Trop d'événements sont bâclés, on passe trop vite sur des faits qui méritaient d'être approfondis. On expédie la relation primordiale que Sook-Hee entretenait avec son mentor pour se concentrer sur une amourette nulle à laquelle personne ne croit ni ne s'intéresse. Ces passages n'ont pas passé le test du canapé : si je m'allonge sur mon canapé pendant un film c'est qu'il a perdu mon intérêt et que j'ai envie qu'il se finisse au plus vite. Je me relevais juste le temps des scènes d'action, mais l'intrigue confuse et peu intéressante m'a coupé tout enthousiasme. Un vilain gâchis.