Sur le papier, il est difficile de croire à un projet de film mêlant violence crue, romance à l’eau de rose, drame psychologique et humour décalé. Et pourtant, la réalisatrice Marjane Satrapi offre avec ‘The Voices’ un melting pot aussi étonnant qu’efficace.


Mais ce n’est pas tellement les voix éponymes que Jerry attribue à ses animaux de compagnie qui sont l’argument principal du film. Toute la perception de la réalité de Jerry est faussée, et dès que le spectateur l’a complètement assimilé, l’œuvre gagne véritablement en profondeur. La photographie aux couleurs chatoyantes et la naïveté du scénario : le film suggère ce qu’il y a derrière le voile, mais ne le révèle qu’à moitié. De ce fait, ‘The Voices’ à la fois divertissant et très intelligent.


Cela va même plus loin, dans le mesure où le film gagne une dimension esthétique supplémentaire : non seulement la mise en scène est plaisante pour l’œil, mais la réalisatrice donne l’impression d’avoir su trouver les moments d’inspiration et de beauté dont parle Jerry en magnifiant des scènes probablement écœurantes.


L’autre grande surprise du film, c’est Ryan Reynolds, absolument génial dans son rôle de gentil psychopathe. Non seulement son physique de gendre parfait n’a jamais autant servi son rôle, mais il fait preuve d’un talent incisif, et met mal à l’aise à chaque plan. En outre, il convient de préciser que les autres facettes de son personnage, incarnées par M. Whiskers et Bosco lui permettent de construire un personnage irrésistible. En particulier, l’arrogance et la vulgarité qui sortent de la bouche de M. Whiskers sont tordantes (« Did you fuck the bitch ? »), surtout lorsque c’est pour se lécher les babines ou réclamer sa pâté l’instant d’après. A ses côtés, Ryan Reynolds peut compter sur les exquises Gemma Arterton et Anna Kendrick, encore plus délicieuses qu’à l’accoutumée.


On pourrait reprocher au film d’être un peu prévisible, dans la mesure où on se doute d’une conclusion dramatique, et par la même occasion, que le scénario n’est pas plus été orienté comme un défouloir immorale.


Heureusement, ‘The Voices’ se conclue par une reprise de « Sing A Happy Song » par les comédiens radieuse et psychédélique, véritable cerise sur le gâteau.


Drôle, intelligent et coloré.

Kroakkroqgar
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le 7 mai 2015

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