Deuil de briques
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le 18 juin 2017
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De Doug Liman, réalisateur de "The Wall", je n'ai vu que "La mémoire dans la peau" tiré d'un roman de Ludlum, écrivain (complexe) qui m'avait pas mal intéressé dans les années 80. Il faudra d'ailleurs que je revoie ce film.
Là, on est dans quelque chose de très différent.
D'abord, je vais me la péter un peu en disant que le film est tiré ou s'inspire d'un "script spéculatif" écrit par Dwain Worell. Je suis (vraiment) impressionné, limite, bluffé. Et je me plais à imaginer une négo entre le producteur et un auteur de "script spéculatif" : je te fais 20% sur le coût de x millions de dollars, si tu me mets 5 morts au lieu de 2 et si tu me peaufines deux scènes de sexe à 18 minutes et à 57 minutes."
Et puis comme toujours, quand on creuse un peu les mots qui en jettent, on finit par retrouver l'histoire de Monsieur Jourdain qui fait de la prose sans s'en rendre compte …
Bref, "The Wall" est un film de guerre d'un concept intéressant. L'idée de base c'est que la guerre d'Irak menée victorieusement par Bush est terminée. Il n'empêche qu'il y a encore quelques patrouilles qui sont menées, ici et là, par les américains. Une des patrouilles est confrontée soudainement à un sniper irakien (qu'on ne verra pas) qui va blesser les deux soldats américains qui n'auront qu'un pauvre mur de briques pour s'abriter.
D'abord, on sait bien, de tous temps, que les pires blessures ou les pires morts dans une guerre, en tous cas les plus injustes, sont celles du lendemain de la fin de la guerre.
Ensuite, dès la fin prononcée de la guerre, le soldat irakien se trouve légitimement chez lui face à deux américains qui deviennent des intrus. Le fait de pouvoir s'affirmer et d'être capable de tenir tête aux deux américains signifie donc que la guerre "menée victorieusement par Bush" n'est peut-être pas si victorieuse que ça.
D'autres choses sont intéressantes et relèvent du symbole. Le sniper irakien parvient à s'introduire dans la fréquence radio des américains et exerce une pression psychologique d'autant plus efficace qu'il semble disposer d'un certain niveau intellectuel le faisant ainsi jouer au chat et à la souris avec les deux américains, probablement issus d'un bon vieux middle West. On n'est pas dans le schéma habituel de l'américain (hautement) civilisé face à des ploucs ou des sauvages.
Tout ceci dans un décor minimaliste d'un coin de désert battu par des vents incessants où le principal élément de décor est ce fameux mur (qui ne paye pas de mine). Le casting se compose de trois acteurs dont l'un (le sniper) est invisible, le premier américain blessé dès le début (John Cena) va faire un gros dodo pendant les trois quarts du film. Le seul à faire un peu quelque chose est le second américain blessé à la cuisse et éructant de longues litanies de "fuck", as usual chez un américain "well educated". Il s'agit d'un certain Aaron Taylor-Johnson.
Côté musique, on fait aussi à l'économie, seul le générique de fin est agrémenté d'un morceau de hard rock, finalement plutôt bienvenu …
Le budget du film (1h 28) n'a pas dû être énorme ainsi que la durée du tournage. Comme quoi, voici un bon exemple d'un film à petit budget qui s'avère être un plutôt bon film, intéressant et plein de signification.
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Créée
le 24 févr. 2025
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