Bus stop.
Ayant tâté du blockbuster hollywoodien avec le sympathique "Green Hornet", Michel Gondry revient à un cinéma plus simple, plus spontané, dans la droite lignée de "Block Party" et de "Be kind rewind",...
Par
le 3 févr. 2013
21 j'aime
Ça commence comme un teenage movie qui dérape vite en trip numérique et kaléidoscopique jumelé avec un clip des Chemical Brothers, le tout dans un style quasi documentaire, sans jeu réel ni autres dialogues qu'une improvisation orientée.
Autant dire qu'il faut s'accrocher. Car ça va vite. Et fort.
Que les personnages qui envahissent ce bus pour n'en sortir qu'au compte goutte durant les 1h30 du film sont nombreux.
Mais la magie de Gondry opère, surement. Et ce que l'on aurait cru être un constat social sur une jeunesse ennuyée, débridée, non dénuée d'intelligence mais promise à rien, se fait en fait virée chaotiquement barrée, au style nerveux, à l'arrache, comme fait maison, et à l'énergie folle, folle.
Car on se prend vite, très vite au jeu. Et l'on est surpris par l'aisance avec laquelle Gondry nous emmène dans sa virée, l'aisance avec laquelle le montage saccadé, excité, ponctué par des flash-backs hallucinés tournés avec des portables, accumule les histoires, les groupes et divise ce bus en autant de petits lieux, toujours mouvants, sans jamais nous paumer. On sait toujours qui est qui, qui est ami avec qui, quelle est son histoire, etc.
Et ainsi se dégagent, outrepassés quelques moments un peu énervants (quoique très drôles) d'insolence et de violences puériles, de belles brochettes de personnages, dont on remarque, avec le générique, la ressemblance avec les comédiens qui les interprètent.
On est pas loin du docu, ce que le style (surement tourné avec un Canon Eos ou autre caméra transportable de ce genre) nous rappelle sans cesse. Et paradoxalement on en est loin. Loin de toute moralisation, de tout constat social, de toutes interrogations. Le film se contente juste d'être un délicat petit film d'ados pour qui l'été n'est pas bonne nouvelle.
Car qui dit fin des cours dit retour brutal et désenchanté à une réalité sociale violente, à une famille manquante ou désaxée. Là où les cours remplissaient les journées, faisaient se faire des potes et mettaient tout le monde au même pied d'égalité, ce que ce bus, que nous ne quitterons qu'à la dernière image, maintient, les vacances renvoient chacun à la morosité de son quotidien que trois longs mois d'été chaud et ennuyeux vont rendre insupportables.
La caméra de Gondry, dans sa dernière partie, se fait d'une délicatesse et d'une douceur que l'on ne pouvait pas deviner durant la première heure, excitée, énervée, tarée. Lorsque le soleil se couche sur la Big Apple ce sont les nuages rosés, les lumières qui s'allument et la fraîcheur qui renaît que la caméra parvient à capter. Et les sentiments qui, s'ils se contentaient auparavant d'un humour grivois et gentiment gamin, se précisent, se compliquent.
Se font plus vrais en somme.
Celui que l'on a fiché caïd emmerdeur souhaite se faire pardonner et vient se racheter une conduite auprès de camarades qui ne comprennent pas son jeu et l'envoie gentiment bouler. Des histoires d'amour se reconstruisent, s'avouent, d'autres se décomposent, des vies se perdent, d'autres ne font que commencer. On s'étonne, bercé par une superbe B.O. qui, autant dans sa partie énergique que dans sa partie mélancolique, est toujours juste et à propos, de se voir ému face à ce doux spectacle adolescent, d'une mordante réalité et d'un onirisme chaleureux, tout à la fois.
Ce trajet de bus on ne voudrait pas le voir terminer.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2012, Journal de bord cinéphile de l'année 2016, Les meilleurs films de Michel Gondry et Les meilleurs films français de 2012
Créée
le 8 mars 2016
Critique lue 172 fois
D'autres avis sur The We and the I
Ayant tâté du blockbuster hollywoodien avec le sympathique "Green Hornet", Michel Gondry revient à un cinéma plus simple, plus spontané, dans la droite lignée de "Block Party" et de "Be kind rewind",...
Par
le 3 févr. 2013
21 j'aime
Nous nous confrontons ici à un objet filmique intéressant et relativement inédit. D’une part, Gondry arbore une démarche documentaire en utilisant les outils du genre. Sa démarche a consisté à mettre...
Par
le 3 juil. 2013
18 j'aime
1
Je ne savais pas que Gondry avait fait un nouveau film, mais forcément, dès que j'ai vu le nom du réalisateur, j'ai été intéressé. Ca arrive souvent, à Cannes, c'est assez cool. Enfin quelqu'un qui...
Par
le 20 mai 2012
13 j'aime
29
Du même critique
La Nuit où Laurier Gaudreault s'est réveillé est probablement l'œuvre la plus dure et la plus mure de Xavier Dolan, construite comme une compilation presque étouffante de tous ses thèmes, de toutes...
le 21 févr. 2023
18 j'aime
2
Film emblématique d'une génération, The Blues Brothers n'a pas réussi à me convaincre. En tous cas pas totalement. Certes je n'ai pas passé un mauvais moment, j'ai même ri franchement à certains...
le 29 déc. 2015
18 j'aime
Il y a au départ la petite histoire qui donne son origine cocasse au film : la rencontre, tumultueuse pour le moins, de François Ruffin avec Sarah Saldmann, chroniqueuse sans grande finesse du...
le 2 oct. 2024
17 j'aime