Darren Aronofsky revient 5 ans après "Mother!" et nous propose l'adaptation d'une pièce de théâtre et nous apporte le grand retour de Brendan Fraser en tête d'affiche, en prenant les traits d'un professeur qui va vivre une semaine décisive. Film intimiste déchirant ou adaptation laborieuse voulant gratter des Oscars ?
"The Whale" va certainement laisser une partie des spectateurs en dehors, mais il divise autant qu'il saura vous bouleverser ! Porté par un Brendan Fraser qui nous transperce le cœur, ce film est aussi inclassable que fascinant.
Visuellement, le métrage arrive à éviter les travers du théâtre filmé, alors que tout pèse contre le projet, un huis clos, avec un personnage principal quasiment immobile. Et pourtant, Aronofsky relève le défi et porte une mise en scène d'une certaine pureté, ce qui étonne venant d'un réalisateur dont la subtilité dans la mise en scène n'est pas son point fort. Mais ici, le film est traversé par une mise en scène qui va sans cesse nous questionner de notre regard sur ce professeur qui se laisse dépérir. Sans jugement, encore moins de malveillance sur le poids du personnage, le film est bien plus subtil que cela et nous fera réfléchir !
Que ce soit lorsque Brendan Fraser est dans les plans, et en devient le centre de gravité en permanence, certains plans vont venir s'immiscer, comme des tableaux où la caméra est immobile et nous mets dans la peau de Fraser, cet homme immobile, coupé du monde. La mise en scène nous plonge littéralement dans la spirale infernale de la solitude, en jouant avec les volumes de cet appartement. Tirant toute la force, la détresse qui se dégage de ce lieu unique. Aronofsky nous surprend ici par cette mise en scène qui va décupler l'émotion, tout en évitant la problématique sur le poids du personnage principal.
Et la mise en scène se couple donc à cet acteur qui porte le métrage par son interprétation déchirante : Brendan Fraser. Certainement porté par sa propre histoire, l'acteur livre ici un véritable exercice de sincérité. De ce personnage, le désespoir se ressent à chaque respiration pénible, à la moindre déglutition difficile. Et un regard d'une tristesse absolue, qui a le don de nous bouleverser.
Car on peut reprocher au film de vouloir être trop larmoyant, mais l'innocence du jeu de Brendan Fraser vient contrebalancer ce défaut rapidement. Pour nous emporter dans une histoire qui voit cet homme qui choisit de se couper du monde, qui choisit de se laisser mourir et qui nous accueille dans sa dernière ligne droite. Une semaine banale, mais qui portera son importance pour son personnage principal. Le morbide et la déchéance sont dans la partition, mais le point de vue d'Aronofsky arrive à nous emporter, dans un film douloureux mais portant des fenêtres d'espoirs. Un ensemble qui déstabilise, mais qui nous emporte.
Le métrage n'est pas exempt de défauts, que ce soit des personnages secondaires un peu faibles, comme celui de Sadie Sink à la limite de la caricature (mais parfaitement interprété), celui du jeune missionnaire qui peut perdre des spectateurs dans son utilité. Ce sont certainement les dialogues, trop verbeux, qui vont alourdir le récit, surtout dans la première partie du long-métrage. Et c'est bien sa narration qui alourdit.
Mais en conclusion, "The Whale" est un film bouleversant, qui arrive à nous étriper malgré ses défauts, trop verbeux, un peu épais, mais d'une sincérité déchirante. Un sommet de tristesse et d'espoir, avec un grand Brendan Fraser !