Brendan Fraser, qui après avoir déserté Hollywood pendant plusieurs années (en ce qui concerne les films), nous montre à quel point notre O’connell favoris nous avais manqué. Quel retour fracassant !
Dans cette critique, je vais essayer de ne pas en dévoiler trop pour ne pas atténuer l’intensité émotionnelle de ce film, mais je risque de spoiler un poil. Donc ayez vu le film avant de lire cette critique, c’est mieux ^^.
Darren Aronofsky nous avait habitué, avec Black Swan et The Wrestler par exemple, à nous raconter des histoires sur des figures « héroïques » qui finissaient par toucher le fond. Comme si les figures favorites du réalisateur étaient des anges déchus qui ne pourront plus jamais être sous la lumière des projecteurs.
Avec The Whale, Aronofsky va encore plus loin. Le film nous raconte l’histoire de Charlie, en obésité morbide et professeur de littérature/ essai, qui après la mort de son compagnon des années auparavant, a décidé de s’abandonner à la vie. Nous assistons à la dernière semaine d’un personnage qui a déjà touché le fond et qui est incapable de faire marche arrière (que ce soit physiquement ou mentalement).
Avant de parler du personnage de Charlie et ce qu’il a à nous raconter, parlons d’un des défauts principaux du film. Pour moi le film souffre d’un manque de créativité en termes de mise en scène et de réalisation.
Le film est un huis clos. Nous, spectateur, ne verront principalement que l’intérieur de la maison de Charlie. On pourrait s’attendre à ce que la mise en scène et la réalisation soient réfléchies intelligemment afin de proposer une vision intéressante par rapport à la pathologie de Charlie. Ce n’est pas le cas ! (Je nuance ce propos après)
Dans les films The Father, de Florian Zeller, ou Insomnies, de Mickael Walker, nous assistons à une mise en scène réfléchie par rapport à la pathologie du personnage principal. Dans le premier Anthony Hoptkins est atteint d’Alzheimer et nous pouvons voir l’évolution de sa maladie à travers l’évolution de sa perception de son environnement. Il perd souvent le fils du temps, se perd dans son propre appartement, oublie le visage des personnes avec lesquelles il interagit… Ici la mise en scène est alors adaptée à la pathologie du personnage principale car ces derniers changent tout au long du métrage. Dans le deuxième, la femme d’un professeur de littérature, Ed Saxon, a disparu. Ce dernier, ayant des problèmes d’insomnies, perd de plus en plus la notion du temps tandis qu’il essaye de retrouver sa femme disparue. Ici aussi la mise en scène change en fonction de la pathologie du personnage notamment à travers de nombreuses ellipses temporelles.
Malgré le manque d’artifices ingénieux en termes de mise en scène et de réalisation, comme les exemples précédents, le film reste quand même construit de manière à mettre en exergue l’obésité morbide de Charlie. Voici plusieurs exemples :
- Le format de l’image en 1.33 : 1 permet à Brendan Fraser de couvrir intégralement l’écran afin de montrer l’immensité de sa morphologie.
- La construction des plans permet également de montrer sa taille par rapport aux autres personnages. Je pense notamment à la première fois où Charlie se lève avec son déambulateur. La comparaison entre sa taille et celle de son infirmière est très impressionnante.
- L’abondance de « junk » food et la taille des proportions (Mon dieu la taille des sandwichs)
- le fait que Charlie ne mette pas la caméra pendant les cours qu’il donne online….
Ce n’est pas parce que le personnage à tout abandonné qu’il ne nous raconte rien !
Comme présenté dans l’introduction le film Charlie, professeur de littérature/ essai, qui après la mort de son compagnon des années auparavant, a décidé de s’abandonner à la vie. Ainsi dans un souci de se repentir, Charlie va tout mettre en œuvre pour réparer ses erreurs du passé.
Le fil rouge du métrage est la volonté de Charlie de renouer des liens avec sa fille.
Lors de cette semaine fatidique, il reprendra contact avec sa fille, Ellie. Ellie est une jeune adolescente « turbulente » qui n’obtiendra pas son diplôme si elle n’améliore pas ses notes en essai/ dissertation. Ainsi par se biais là, Charlie n’hésitera pas à rémunérer sa fille pour qu’il puisse lui corriger ses copies et effectuer son travail à sa place. La relation entre ses deux personnages m’a complétement bouleversé car pendant tout le métrage on a l’impression que malgré les efforts de Charlie, jamais sa fille n’aura de considération pour lui. Les insultes, le fait qu’elle lui donne une dose incertaine de somnifère…. Ne font que montrer à quel point l’absence de son père à eu un impact significatif sur elle. Dans une fin absolument désarmante, c’est avec Moby Dick que cette relation s’apaiseras.
Aronofski à l’intelligence de développer le personnage de Charlie par ses interactions avec les personnages secondaires. Le jeune missionnaire, l’infirmière, son ex-femme nous permettent d’en apprendre plus sur la tragédie qu’a vécu Charlie et pourquoi il s’est construit cette carapace de graisse. J’aime beaucoup la symbolique du titre du film. D’un côté, il symbolise le personnage de Charlie ainsi que l’essai sur Moby Dick, qu’il recite quand il ne va pas bien. En effet, au fur à mesure des années, Charlie s’est construit une forteresse de graisse afin de ressembler le plus possible à cette baleine blanche qui ne ressent aucunes émotions.
Il y a tellement d’autres points à traiter, comme sa recherche d’honnêteté qui montre à quel point il faut vivre sa vie sincèrement et véritablement, le rapport du personnage à la religion…
Cependant, le film est un petit bijou de cinéma qui marque le retour d’un acteur oublié. Brendan Fraser mérite, en tout point, toutes les récompenses qu’il a obtenu dans plusieurs festivals. Le film est désarmant et d’une tristesse profonde. Si vous pouvez le voir au cinéma, foncez !