Comment mon pauvre Darren A. s'est-il empêtré dans ce guet-apens d'un sombre théâtreux new-yorkais du nom de Huntington?
Le piège était, il faut le reconnaitre, soigneusement tendu et le plan machiavélique : Huntington allait obtenir son étoile au Boulevard des Célébrités et des ''Artistes incontournables'' quand sa pièce serait métamorphosée en films à Oscars. Pour cela, il suffisait de débaucher un réalisateur renommé. L'affaire fut dans le sac en un rien de temps : il suffit de jouer honteusement sur la corde sensible de l'auteur de Mother! et de Pi : l'allégorie religieuse et eschatologique.
Le résultat est le désastre filmé qui gît sous nos yeux.
Que dire sinon que ce fiasco ne parvient jamais à convaincre : que le personnage d'Ellie soit autre chose qu'une infâme harpie, ni de ses vertueuses intentions et que l'hyper-réalisme compatissant soit autre chose qu'un sordide voyeurisme, pure posture faite pour choquer l'intelligentsia - un peu le même phénomène que Blonde l'an d'avant.
Et je suis convaincu qu'Aronofsky a réussi à faire passer quelque chose qui, dans les mains d'un réalisateur lambda, eût été classé au tribunal du bon goût ''insupportablement accablant'' à ''objet de doute raisonnable''.
A l'image du personnage principal, à la conclusion du film et du supposé arc de rédemption, on se dit qu'on vient de voir un idiot faisant beaucoup, beaucoup trop confiance à une pseudo morale à deux francs cinquante.
Seule lumière dans ce tunnel : la performance sensationnelle de Hong Chau.
Si j'en veux tellement à Huntington, c'est parce qu'il a gâché mes retrouvailles avec Aronofsky, que je guette depuis la claque de 2017.
L'histoire d'un rendez-vous manqué.