Un documentaire sur un artiste totalement inconnu pour de nombreux spectateurs qui passeront les portes de la salle (ou choisiront ce programme à la télévision), qui mêle deux narrations complémentaires : celle dudit artiste Jack Garfein (qui, avec une étonnante légèreté, aborde les pires moments de sa vie, nous soulevant le cœur face à un recul sur ses malheurs qu'on envie beaucoup) et celle de Willem Dafoe (à la voix chaleureuse qui comble les trous avec élégance). On ne s'est pas particulièrement passionné pour ce docu un brin fainéant dans sa forme (il ne compte que sur la complémentarité de ses narrations, mais dans sa mise en scène, c'est trop simple et lent), mais on ne regrette pas de l'avoir vu, ignorant tout du Monsieur, qui a vécu mille vies en une seule, et sentant notre cœur se briser devant l'anecdote de son rapport à sa mère :
il lui en a toujours voulu de l'avoir rejeté violemment sur le quai du camp de concentration...avant de comprendre tardivement qu'elle lui avait sauvé la vie, sachant que son groupe à elle se dirigeait vers la mort...
Et Jack Garfein de s'en vouloir, d'avoir condamné trop vite sa mère, et nous, au bout du rouleau, rêvant de passer la barrière de l'écran pour aller consoler ce papy triste. On a retenu surtout ce passage très dur, le point culminant de l'information et de l'émotion dans ce documentaire autrement très lisse. Il n'en reste pas moins que le mélange de narrations est un beau processus de mise en scène, un peu seul, mais original.