Il faut bien l'avouer : The Woman est une expérience.
Une expérience tournée vers un message féministe et bourré d'espoirs sur l'intérêt d'une solidarité féminine active et sans limites. Bon. Ça c'est pour le message de fond, celui qui, enrobé d'une bienveillance de bon ton (surtout quand on pond un film pareil), n'a pas manqué de sauter aux yeux d'à peu près tout le monde.
Lorsqu'on soumet le reste à l'examen, il faut bien reconnaître que la dite expérience est intéressante. On a de quoi demeurer sceptique pour les premières minutes (d'autant plus que le jeu des ralentis et d'une bande-son surprenante pour ce genre de films a de quoi laisser surpris), et pourtant, The Woman nous entraîne dans une mécanique façon boule de neige, dont il est clair que la fin s'annonce mal. Pas tant pour nous que pour les protagonistes, condamnés à voir les choses dégénérer. La violence n'appelle qu'à la violence, tel le schéma de reproduction père-fils, et les appétits et instincts sans cesse exacerbés. La pulsion n'est pas refoulée, bien au contraire : le père enseigne au fils qu'il doit s'y soumettre et s'en libérer, livrant le spectacle d'une bestialité bien supérieure à celle de la femme-animale. Toutefois, le titre est trompeur (sauf interprété sur le plan pur de l'idéologie). Loin de s'appesantir sur elle, c'est bien sur le schéma d'une famille détruite par l'oppression d'un père de famille fou furieux et pervers que la caméra s'attarde. Angela Bettis est époustouflante en épouse soumise aux quatre volontés de son mari, aux allures de fantôme, détruite et maigre comme un clou.
Il est toutefois plaisant de constater que le manichéisme n'est pas l'obsession du réalisateur : Bettis est elle-même mise en cause pour sa passivité et sa résignation, et sa tentative de révolte arrive bien trop tard ; la mécanique s'est déjà emballée trop loin.
Les amateurs de film de genre seront comblés par une surprise finale à laquelle j'étais loin, bien loin de m'attendre, et qui apporte une touche de surréalisme qu'il est toujours utile de retrouver dans les œuvres comme The Woman (nécessaire pour prendre de la distance).
Sans aller jusqu'à poser son cerveau, on s'installe donc avec un plaisir curieux (et parfois un peu coupable, voyeurisme mon amour), devant la performance originale, remarquable et remarquée d'une Pollyanna McIntosh à donf.
Et c'est pas dommage.