The Wonder
6.3
The Wonder

Film de Sebastián Lelio (2022)

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Le pouvoir des images, loin de la raison

C'est par une scène d'ouverture des plus curieuses, loin d'être très créative, que débute ce film. Un cinéma qui se voulait intense, poétique et gracieux, que j'ai trouvé personnellement plutôt dense et anarchique, dans la manière de Sebastian Lélio, le réalisateur à vouloir développer sa thèse. Malgré tous, des éclats d'émerveillement et de mysticisme dans la qualité des images, et de la photo représentant tous ces personnages, ainsi que ces deux visages qui se rencontrent dans une solide performance, Florence Pugh et Kila Lord Cassidy. Tous l'intérêt de ce film réside là.

The Wonder nous invite à un voyage centré sur la conviction et la foi, l'expérience d'une histoire hantée par les ombres de ces terres Irlandaises, aux cicatrices d'une famine encore visible. Une nature clairsemée de ses décors et de l'intensité de ses paysages, ce village reclus où vit une enfant touchée par l'intervention divine. Cette enfant continue de vivre sans aucune nourriture depuis des mois, ce qui intrigue un comité municipal. Une infirmière anglaise et une nonne sont envoyées pour confirmer la seule vérité qui soit, celle d'un petit être céleste venu du ciel, qui se nourrit de sa fontaine, son jardin d'Eden, Dieu et rien d'autre. Le reste ne serait que supercherie.

Ainsi lorsque Lib Wright ( Florence Pugh ) cette infirmière, et son essence mortelle s'approchent du feu divin, Anna ( Kila Lord Cassidy ) elle ne cherche qu'à capturer dans son regard de petit Ange possédé de manière démoniaque les portes du secret. Une lumière qui pourrait aussi éclairer l'âme de ceux qui ont perdu quelque chose, quelqu'un. Quitter ces démons intérieurs pour retrouver le chemin d'un nouveau départ. Une explication rationnelle et une approche scientifique, éloignée d'une puissance supérieure, qui se heurtent malheureusement à une croyance fanatique et religieuse.
Dieu qui a choisi cette petite fille pour accomplir le miracle. Quoi de plus beau, lorsqu'au plus profond de ces espaces froids, absents de tous, surgit le prodige. Ce désir d'une bénédiction, selon les yeux qui la perçoivent, qui permettent d'échapper à leurs dures réalités, leurs angoisses, les dangers de la foi. Face à un monde de tromperie et de tragédie, l'unique réponse à toutes cette existence est la science face à la pensée magique, la raison contre l'irrationalité, une religion qui aveugle, le mystère de croire. C'est toute l'histoire de The Wonder proposé par Sebastian Lélio, et ce parallèle qui existe depuis la nuit des temps à nos jours. Une portée universelle sur la croyance et la dénonciation de ces fausses informations, de leur emprise et de leur fanatisme. Des idées que l'on alimente et qui persistent dans les esprits, quand chacun cherche à croire à son autre histoire.

Au final c'est un film qui se perd un peu dans son sujet, dans l'histoire et toutes ces hésitations initiales. L'étrange et la magie cinématographique de The Wonder disparaissent par manque d'égarement et de densité dans le concept. Le pouvoir de l'action pour dépasser celui des convictions ne fonctionne pas complètement lorsqu'il s'entremêle avec des thèmes de croyance, au milieu d'une tromperie possible.

Rolex53
5
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le 30 nov. 2023

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John Rolex

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