A l'époque du visionnage, je m'étais tapé tous les "chefs d'œuvres" de l'année, Le liseur, Slumdog millionnaire, Harvey Milk, Benjamin Button, etc. Et je dois dire que celui là l'a emporté haut la main.
Le film est construit tout en subtilité, avec beaucoup de nuances, et le désarroi est palpable. On voudrait prendre ce gros catcheur dans nos bras et le consoler, même s'il mérite ce qu'il lui arrive. Et pourtant, on n'a pas envie de le juger, ni de le blâmer. C'est justement ça la force de l'histoire: elle illustre de manière très réaliste les conséquences de nos choix, qui ne sont jamais faciles, ni blancs ou noirs. Elle veut nous dire aussi, sans être lourde, que le chemin qui mène au changement est difficile, surtout lorsqu'on se sent seul au monde. Ben ouais, j'enfonce des portes ouvertes mais justement Darren Aronofsky fait beaucoup mieux que moi, d'où ma critique admirative.
De scène en scène, ce film réussit à nous bouleverser et à nous révolter. La subtilité des sentiments est très très bien capturée au travers de ces personnages tellement humains, servis par ailleurs par des acteurs hors pair (Marisa Tomei, comme toujours splendide).
C'est drôle mais j'ai noté que d'autres critiques auraient trouvé Rocky "plus fin", moins lourd et plus surprenant (sic). Bon, je sais pas comment on peut arriver à ce parallèle mais quand même euh... ces films ne boxent pas dans la même catégorie. J'adore Rocky justement, mais bon, là on a un premier rôle profond, un vrai message et un regard intelligent et réaliste sur le monde du catch. Avec Stallone, c'est à l'américaine, on espère qu'il va monter sur le ring et les défoncer tandis qu'ici, on espère qu'il jette l'éponge et laisse l'agrafeuse au placard.
Je ne peux dire que du bien de ce film: drôle, lucide, triste mais sans jamais tomber dans le mélo écœurant. Sans parler de la performance de Mickey Rourke dont la présence à l'écran est bluffante. Bravo quoi.