The Youg Lady ! Difficile de définir cette adaptation de la pièce tant le film est à la fois déroutant dans sa construction. Je savais que j'allais voir un film d'époque bien fait. L'ayant vu en avant première je peux maintenant le critiquer avec ses hautes qualités...et ses petits défauts.
Une ambiance froide et anxiogène
Ce film est vraiment particulier. En effet, la plupart du temps, le film ne possède aucun son. Mais vraiment aucun. Ajouté à la mise en scène, cela donne une atmosphère vraiment austère. Le tout est renforcer par le jeu des acteurs qui sont tous pratiquement inhumains (bref tout l'inverse de Ghost In The Shell où ils étaient sensés être inhumains et se révèlent plus qu'humains). Il y a une bonne utilisation des décors et des couleurs, notamment celle de la robe de Katherine qui souligne son état d'esprit; bleue quand elle est dans sa condition d'épouse, noir rouge quand elle se sent bien puis noir pour faire le deuil de sa condition (mais on en parlera). Le film est bien rythmé et malgré l'ambiance sobre et vraiment froid, nous permet de nous attacher à l'histoire et aux personnages. A ce propos.
Seule dans la maison
Dans le rôle de Katherine, on a Florence Pugh que je ne connais pas. Elle joue bien la fille contrainte d'épouser une personne sans amour pour elle et de mener une vie qu'elle n'a pas choisie. Cependant, au fur et à mesure de ses choix afin de mener un amour secret, elle va perdre peu à peu son humanité pour le sauvegarder au point de devenir ce qu'elle déteste au fond. Elle n'est absolument pas attachante (mise à part quand elle s'épanouie à l'extérieur) mais on a envie de savoir, jusqu'où elle peut aller et où mènera sa folie.
Sebastian (Cosmo Jarvis) est le fougueux palefrenier qui a une relation avec Katherine intense. Il possède une évolution intéressante passant de dominant du couple en dominé. Bref, ce qu'il se prenait pour un jeu de séduction se révélera beaucoup plus sérieux et finira par le mettre dans une situation auquel il sera vraiment mal à l'aise.
Anna (Naomi Ackie) est la servante du foyer. C'est vraiment un personnage assez maltraité dans le film malgré sa bonne volonté et le faite qu'elle fait aussi office de mère de substitution pour Katherine. Il lui arrivera tout, dédain par ses maîtres, complice de meurtre et faux-témoignage. Je la plains vraiment, il lui arrive tellement de chose qu'elle en perd l'usage de la parole.
Boris (Christopher Fairbank) est le beau-père intransigeant qui surveille Katherine et vraiment effrayant.
Enfin, le mari lui même Alexander (Paul Hilton) qui possède un secret étrange et ne semble pas du tout aimé sa femme (et caractérisé par des lubies bizarre).
Il y a enfin d'autres personnages, mais comme j'ai égaré l'affiche du film je n'ai pas pu noter leur nom. Je dirais , la nourrice et l'enfant.
Descente aux enfers.
Le réalisateur a fait de cette adaptation une version froide de la pièce de théâtre qui raconte la descente aux enfers de Katherine. D'ailleurs, le titre Lady Macbeth n'est pas choisie aux hasard, car elle beaucoup en commun avec son homonyme Shakespearien. Toute 2 sont des personnes qui pour atteindre leur objectif poussent leurs êtres aimés à l'inévitables, toutes 2 sombrent dans la folie. La seule différence est que Katherine ne montre pas cette folie et reste imperturbable. Ce qui en un sens est encore plus cruelle. On pourrait reprocher la 2e partie qui semble sortie de nulle part et le faite que la nouvelle condition ne la rend pas plus sage, mais cela rentre entièrement dans le propos. Et surtout, permet de voir que son choix de céder à l'adultère lui a attiré plus de malheur qu'autre chose. C'est un portrait sans concession de la condition des femmes qui subissent des mariages de convenances et se retrouvent prisonnières de leur condition. Là on est dans une situation où en voulant se libérer, elle s'enfance de plus en plus dans sa prison. Sa situation est devenue une malédiction, ce qui est triste. Mon grand regret est qu'elle ne possède pas de background comme le mari, ce qui aurait pu lui mettre des portes de sorties, mais cela aurait détruit le propos du film qui est bien maîtrisé. Elle a joué et au final a tout perdu. Le jeu de regard qu'elle échange avec Anna à la fin est lourd de sens, car là son sort, ainsi que ceux d'Anna et Stéphane sont définitivement celés. C'est aussi dommage que la relation entre Anna et Stéphane ne soit pas non plus si exploré que ça, voir trop implicite. Mais bon.
Sombre et brute
Ce film ne plaira surement pas à tout le monde de part l'ambiance que le réalisateur a installé, mais il est à voir. L'histoire est intéressante, l'héroïne fait froid dans le dos, et sa chute est bien menée. Pour une première réalisation, c'est du grand art et j'encourage le réalisateur dans cette voie.