Bien sûr, il y a quelque chose d'étrange de revoir Thelma et Louise à l'aune des scandales sexuels qui agitent aujourd'hui Hollywood. Et c'est abasourdit qu'on découvre certaines critiques faîtes il y a presque trente ans au film culte de Ridley Scott.
Le week-end de deux amies qui dérape en folle équipée est évidemment bien plus qu'une simple histoire réservée à un seul public. Road-movie, comédie, action, drame; Thelma et Louise est une œuvre à plusieurs couches. Un vrai cadeau fait à Ridley Scott.
L'idée est vieille comme le monde, mais l'interversion sur le genre de ses personnages change la donne. En résulte un hybride à la fois jouissif et poignant, entre Point Limite Zéro et un le roman L'éveil de Kate Chopin.
À l'évidence, plus qu'aux forces de l'ordre, Thelma et Louise veulent échapper à des vies dictées par les "modèles" patriarcaux, aux rôles auxquels la société les prédestine et à ces illusions qui leur collent aux basques.
Misandre? Non. Contrairement à ce que certains ont pu (mé)dire sur le film, le script (brillant) de Callie Khouri se garde bien d'enfermer tous les hommes dans le même panier (les personnages de Harvey Keitel ou Michael Madsen peuvent en témoigner). Si Ridley Scott porte un regard tendre sur ses amazones, il se montre tout aussi efficace pour négocier les virages et dangers tout en donnant toute latitude à son casting pour exister.
C'est un constat amer, sincère et touchant que dresse Thelma et Louise. Et la balade est plus qu'agréable, en compagnie d'un duo d'actrices magnifiques (on ne dira jamais assez merci à Susan Sarandon et Geena Davis). Comme bon nombre de personnages en quête d'une liberté salvatrice, on termine sur une note où la légende se substitue au réel, imprimant définitivement les noms de ses héroïnes dans l'Histoire.
Et c'est bien ce qu'elles méritent.