Du sang dans le pétrole !!!
Durant de longues minutes, il n'y a pas de dialogues. Rien que des bruits : de pelles, de pioches qui creusent le sol à la recherche de l'or. Puis de l'or noir. Bruits, souffles et stridences, qui composent l'une des plus belles musiques de film de ces dernières années (signée Jonny Greenwood, de Radiohead)...
Le film, magistral, est une fresque intimiste. Un duel où s'affrontent deux Julien Sorel américains, face à leurs « rouge et noir » à eux : l'or et la foi. D'un côté, un self-made-man à l'ambition forcenée et à la paranoïa insidieuse (Daniel Day-Lewis, seul comédien suffisamment génial pour nous persuader qu'en faire trop, c'est encore pas assez). De l'autre, un être pâle, délicat, effacé (Paul Dano), qui, pour la gloire de Dieu, s'empare de l'âme de ses ouailles à coups de sermons et d'exorcismes. Entre capitalisme et Eglise, c'est une lutte à mort. Entre ces deux fous, la violence circule comme le sang dans les veines.
Pour ce film, Anderson a changé de style. Les plans-séquences de Boogie Nights ont cédé la place à des travellings intenses et secs. Le film quant à lui est rageur, remarquable, magnifique... En un mot, un chef-d'oeuvre !!!