Une œuvre puissante et maîtrisée, lestée de quelques longueurs, qui vaut surtout pour la virtuosité de sa mise en scène. Il faut dire que Paul Thomas Anderson est expert en la matière, et l'a déjà prouvé à plusieurs reprises malgré son jeune âge, notamment dans "Boogie nights" ou "Magnolia", pour ne citer que ses films les plus aboutis.
Dans cette optique, le début de "There will be blood" s'avère somptueux : un gros quart d'heure sans dialogue qui nous plonge dans la ruée vers l'or noir, au commencement du XXème siècle, avec un homme seul face aux éléments, creusant la pierre avec des moyens rudimentaires.
Après cette introduction magnifique qui pourra évoquer "Once upon a time in the west", le film reste encore en apesanteur un bon moment, porté par la réalisation de PTA et l'interprétation du tandem composé de Daniel Day-Lewis et Paul Dano.
La suite du récit m'a moins emballé ; on reste face à une oeuvre pertinente, qui repose beaucoup sur l'opposition et le parallèle entre religion et capitalisme, les deux fondements des Etats-Unis d'Amérique. Les deux héros qui les incarnent respectivement suivent une trajectoire similaire, rejetant ainsi symboliquement dos-à-dos les extrémistes de chaque tendance.
Le propos est passionnant mais l'intrigue l'est un peu moins je trouve, ce qui me fait dire que "There will be blood" n'est pas forcément le chef d'oeuvre souvent salué. Les personnages ne suscitent guère d'empathie, et ce western tragique exclusivement masculin s'avère parfois longuet (plus de deux heures et demie)...
Heureusement, la bande originale se révèle très réussie, notamment le thème principal, et le cinquième long-métrage de PTA demeure tout à fait recommandable.