Curieux objet que ce Thomas est amoureux, réalisation belge du début du nouveau millénaire.
Nous voyons le monde à travers les yeux de Thomas, un agoraphobe n'ayant pas mis ne serait-ce qu'un orteil dehors depuis 8 ans. Sa vie est donc devenue une cyber-vie, entre cyber-sexe et cyber-rencontres. Jusqu'au jour où Thomas tombe amoureux...de deux (vraies) femmes en même temps, à travers son écran.
Pierre-Paul (Jacques...) Renders a imaginé une esthétique à mi-chemin entre l'écran de veille psyché Windows 95 et un clip de Billy Ze Kick, costumes fluos et maquillages futuristes kitschissimes à base de signes élémentaires à la clé, mais a surtout réussi à créer un concept fort et visionnaire, où le tout-virtuel prédomine (le film présente notamment une sorte de Chatroulette avant l'heure). Le parti pris de ne voir qu'à travers les yeux du héros (et donc de ne jamais le voir, seulement l'entendre) se révèle être particulièrement judicieux, et ce même si Benoît Verhaert manque parfois de naturel, là où on aurait facilement imaginé le cocktail Romance+science-fiction+Belgique+vision à la première personne extrêmement casse-gueule et digne des sommets de nanarland.
Or il n'en est rien, et c'est une excellente surprise que cette rom-com 2.0 à base d'applis, un brin expérimentale, à la fois terriblement rétro à une cyber échelle tout en étant plus que jamais d'actualité. Et on notera le jeu d'acteur très spontané de certains protagonistes, notamment Magali Pinglaut.