J'avais relativement adhéré à « Thor : Ragnarok » du même Taika Waititi, délire visuel (et un peu narratif) finalement assez fun et offrant quelques vrais plaisirs, s'éloignant de la recette habituelle plutôt lassante des productions Marvel ces dernières années. Mais cette fois, le réalisateur va beaucoup trop loin. Il s'est convaincu qu'il fallait faire exactement la même chose, mais en poussant le trip encore plus loin, sans jamais vraiment chercher à faire un bon film, voire un film tout court. Pourtant, cela ne démarrait pas trop mal : une introduction assez dramatique, plutôt convaincante, où l'on sent l'humour potache pas loin, mais nous permettant de réintégrer l'univers efficacement, qui plus est en privilégiant l'antagoniste (ce qui sera beauuuucoup moins le cas par la suite).
S'ensuit donc une sorte de gros machin numérisé, très tape-à-l'œil et rarement beau, où l'on se demande comment le résultat final a pu être validé par la production (à moins que celle-ci, sachant de toute façon qu'elle va se faire un max de fric, n'en ait plus à rien à foutre artistiquement, ce qui est tout à fait possible!). Mal écrit, mal monté, mal construit : on sent vraiment une œuvre dont personne ne semble se préoccuper, à base d'humour potache parfois lamentable (les chèvres géantes qui hurlent : vraiment?), du pire caméo pouvant exister avec les Gardiens de la galaxie, le « récit » avançant de façon très, très bancale, et qu'importe si celui-ci ne présente pas un minimum de cohérence ou de suivi dans l'avancée de scène en scène.
On a même droit à une « petite » de l'Olympe tout aussi numérisé, faisant presque passer le premier « Choc des Titans » pour un modèle de sobriété, où règne Zeu... pardon, Russell Crowe avec un accent russe : je n'ai pas compris, si ce n'est la confirmation de Waititi de systématiquement tourner en dérision la mythologie, cette façon d'introduire le « Dieu suprême » étant ridicule, voire honteuse, nous interrogeant parfois sur les motivations du réalisateur néo-zélandais.
Certes, on voyage dans l'univers, mais lorsqu'on s'en cogne à ce point, les rares bonnes idées nous font à peine réagir (notamment cette planète plongeant nos héros dans un noir et blanc pour le coup assez beau), avec toujours cette impression de travail un peu bâclé, en tout cas pas abouti. Encore le méchant serait réussi, mais même lui, étrangement interprété par un Christian Bale faisant ce qu'il peut, souffre de dialogues tellement médiocres qu'on ne retient qu'un potentiel fort mal exploité, à l'image d'une bataille finale manquant d'intensité, voire légèrement grotesque par certains aspects.
Que reste t-il alors à sauver ? Le retour de Natalie Portman ? Éventuellement. Celle-ci s'implique, est toujours aussi radieuse, même si la dimension ici tragique de son personnage aurait dû bien plus nous toucher. Après, je reconnais volontiers que l'actrice de « Black Swan » et Tessa Thompson dans un même film, pour l'œil masculin... c'est sympa. Et puis après Led Zeppelin dans « Ragnarok », nous avons cette fois droit à Guns N' Roses niveau bande-originale, ce qui est est loin d'être désagréable, sans être forcément le plus adapté (en même temps, au point où en était la production...). Même la première scène post-générique, pas trop mal écrite, pour une fois, vient être gâchée par une grotesque apparition finale...
Il est quand même préoccupant de voir tant d'argent dépensé pour un résultat aussi médiocre, fait avec aussi peu d'amour pour le septième art : j'avais donné beaucoup de crédibilité à l'auteur de « Jojo Rabbit », il serait temps que celui-ci la justifie autrement qu'en faisant des quasi-doigts d'honneur aux spectateurs, car de l'amour à la haine, il n'y a parfois qu'un pas...