Drame, science-fiction, anticipation, docu-fiction, oui, un peu tout ça, mais horreur post-apocalyptique est plus simplement ce qui vient à l’esprit. Ce film présente à la fois l‘aventure d’une jeune femme enceinte traversant l’abomination totale d’une attaque nucléaire en Angleterre, suivie de ses conséquences, et ponctuée parallèlement d’un faux reportage journalistique inspiré par les vraisemblables prédictions d’une série de scientifiques listée au générique.
Le gouffre désabusé entre les peuples d’une part et les pouvoirs psychopatho-criminels de l’autre, sous fond sonore d’agitations médiatico-militaires, ne révèlent d’abord rien de nouveau si ce n’est l’amorce des pénuries, vaines migrations, et puériles tentatives d’organisations locales. La grande seconde partie nous livre le fracas des bombes, l’hébétude et la dévastation généralisée du quotidien, les douleurs des hordes de fantômes survivants, promis à la famine, au froid nucléaire, à la lèpre radioactive et à la mort, durant les mois qui suivent l’attaque. La fin se consacre à l’anticipation des décennies suivantes, la régression civilisationnelle, le retour à l’archaïsme barbare, et à l’écroulement écologique.
Dans la veine des romans et films de l’époque, comme le Jour d’après en 83, où la psychose de la nucléarisation de la Guerre Froide était de mise, cette fiction de 1984, malgré sa technique passée, conserve le génie d’un spectacle humain et effroyablement réaliste, qui brille, choque, nous laisse pantelant et nous dénude de tout fantasme et de tout espoir.