Drôle de relation qu'a le cinéma avec le dessin animé dans ces épisodes où la fiction dessinée rencontre littéralement la réalité. Les interactions entre le live et les planches animées remontent aux balbutiements du dessin animé, mais Hollywood a réellement scellé le concept dans la mémoire collective avec Qui Veut la Peau de Roger Rabbit de Robert Zemeckis.
Space Jam, Back in Action, Space Jam 2, Bob l'Éponge 1, 2 et 3... Les exemples se sont suivis et commencent à se cumuler mine de rien dans cette bizarrerie de niche. Le concept est évidement plus ou moins poussé selon les besoins du projet et la dernière itération qui avait fait bruit, Space Jam 2, n'était visiblement pas parvenue malgré d'honnêtes résultats financiers à faire vibrer ni les nostalgiques du film original ni les enfants, et encore moins les critiques.
Ce genre de film exultant le catalogue de son propre studio est par nature assez cynique.
Il se paye une tranche de son propre lore certes, mais ne s'empêche pas de se faire une bonne tape dans le dos. L'auto-congratulation est une règle immuable au concept. Faut bien donner aux éternels marmots que nous sommes l'envie de (re)plonger dans ces univers et surtout d'acheter un max de merch.
Mais ça n'est pas une mauvaise chose en soi car ça n'est pas une fin, du moins pas tout le temps, et au delà des intentions purement pécuniaires et publicitaires du processus, on peut tout de même en tirer des œuvres alliant divertissement, méta-commentaire, dessin animé et film de genre.
Malgré près de 35 ans d'existence, Qui Veut La Peau de Roger Rabbit est encore à ce jour présenté, à raisons, comme celui qui répond le mieux à ces obligations, les autres tentatives n'allant pas aussi loin dans le méta comme les films Bob l'Éponge (sans qu'ils soient mauvais outre-mesure) ou trébuchant inéluctablement sur le rocher de l'inspiration séchée et de l'exploitation désabusée de franchises avec, une fois encore et je n'en démords pas, Space Jam 2 comme le pinacle du mauvais goût en termes d'utilisation de coffre-fort à franchises.
Même s'il faudra éventuellement ré-essayer ce film, je dois admettre que Chip N' Dale 2022 m'a tout l'air d'être le meilleur successeur spirituel de Roger Rabbit à ce jour.
Pour un projet qui ne semblait pas payer de mine, le film a bénéficié d'une production relativement soignée et même créative. C'est propret, bien animé, globalement bien dessiné même si le choix de traits pour certains persos ne m'a pas toujours plu, bien doublé... Pour tout ce que le plot, des dialogues et pas mal de de vannes auront de prévisible, le film contrebalance ça avec une exploration quasi chaotique de la pop culture qui m'a agréablement surpris, et on a réellement l'impression que le film ne s'impose pas trop de barrière, n'hésitant pas à glisser dans une imagerie plus suggestive qu'on ne l'aurait pensé, toujours à l'image d'un certain Robert Lapin, sans pour autant devenir un film subversif, on reste sur une production assez safe qui demeure malgré tout très, très prévisible et accessible.
Mais voilà malgré ça j'ai pas pu m'empêcher de pouffer assez fréquemment, le film a su garder mon attention jusqu'à la fin du film sans que je m'ennuie et j'ai apprécié voir tout cet étalage méta de pop culture où l'on voit qu'ils ont fait un joli travail de brassage destiné à glorifier le divertissement dans le sens large du terme, allant dans la direction opposée de.... Space Jam 2, qui se contentait de jeter ses easter eggs périmés à notre figure sans jamais faire plus que ça et pire encore, sans jamais s'en servir pour faire avancer son récit, là où Chip N' Dale ne fait pas que régurgiter du bruit mais s'en sert à divers degrés pour faire avancer le film et l'intrigue.
Cela étant dit le film ne peut pas s'empêcher de vraiment trop s'apprécier, par exemple quand on voit "l'aura" de la série Chip N' Dale dans la vraie vie on a du mal à croire à cet espèce d'engouement auquel est souvent exposé notre duo au cours de l'intrigue, je les vois volontiers comme des espèce de stars 80's dont la nostalgie ferait craquer quelques badauds qui les croiseraient sur leur chemin mais dans le film ça m'a paru exagéré m'enfin je chipote.
Dommage également que le film ne passe pas plus de temps avec certains persos, surtout si c'était pour contribuer à un trope qui a la dent dure dans cette niche : le perso humain glué à la bave d'escargot au reste de l'histoire.
C'était hélas inévitable, notre duo ne sont pas les uniques protagonistes ou presque. Un perso tertiaire joue un rôle, tentent-ils de nous faire croire, important. Sauf qu'en fait pas du tout. C'est anecdotique sinon fonctionnel et l'actrice jouait probablement le moins bien.
Dans l'ensemble donc ? Franchement j'ai passé un bon petit moment.
Je n'en attendais vraiment pas grand chose et c'était, ma foi, un divertissement bien sympathique, bien qu'alourdi de défauts.