Le théâtre des rêves
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le 1 avr. 2022
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Nous nous retrouvons aujourd’hui pour parler d’une comédie musicale; « tick tick…BOOM ! » de Lin-Manuel Miranda (Hamilton; compositeur de la BO de Vaiana…) et mettant en scène dans le rôle principal le très talentueux Andrew Garfield. Si vous ne l’avez pas vu à l’affiche de votre cinéma habituel c’est tout à fait normal puisqu’il s’agit d’une production originale Netflix disponible sur la plateforme depuis le 12 novembre dernier.
Il s’agit d’un biopic sur la vie de Jonathan Larson. Si ce nom ne vous dit rien, ne vous inquiétez pas c’est tout à fait normal. Jonathan Larson était un compositeur, chanteur, acteur et réalisateur américain dont le but dans la vie était d’écrire une pièce à succès et ainsi conquérir Broadway. Il consacra toute sa vie à la réalisation et fini par connaître le succès à titre posthume suite à son tragique décès à l’âge de seulement 35 ans, la veille de la première de la pièce qui allait le rendre célèbre : Rent. Mais avant Rent, Jonathan Larson avait écrit une comédie musicale autobiographique du nom de tick tick BOOM! dont le film raconte l’histoire.
Nous retrouvons donc dans ce film notre personnage de Jonathan Larson interprété par Andrew Garfield qui est à la veille de l’âge symbolique des 30 ans et se pose un tas de questions sur son avenir tout en continuant de travailler sur sa pièce dans l’espoir de connaître le succès à Broadway. Tout au long du film, nous serons avec Jonathan et traverserons avec lui tous ses doutes et ses peurs à commencer par sa peur de voir le succès lui filer sous les doigts par manque de temps.
Le temps, et plus précisément le temps qui passe, est ainsi l’un des sujets majeurs du film puisqu’il angoisse au plus haut point notre protagoniste que nous retrouvons au début du film à quelques jours de ses 30 ans. Et malgré cet âge que la société considère souvent comme relativement avancé, le personnage ne semble pas accompli dans sa vie. En effet, ce dernier est toujours garçon de café, vit en collocation avec l’un de ses amis et n’a toujours pas connu le succès dont il rêve alors que les plus grands artistes qu’il admire comme les Beatles l’avaient déjà connu à son âge. À cela s’ajoute la mort de nombreux des amis de Jonathan atteints du virus du sida qui fait des ravages à cette époques (les années 1990) accentuant l’urgence de connaître le succès pour Jonathan avant qu’il ne soit trop tard. Dans ce film, on nous montre que le temps est précieux et qu’il ne faut absolument pas le gaspiller. Jonathan Larson n’a donc pas le choix et doit être sûr de lui, sûr qu’il finira par connaître le succès, sûr qu’il ne veut pas abandonner son rêve, sûr qu’il ne veut pas trouver un « travail d’adulte » et sûr qu’il ne veut pas fonder une famille comme le font les personnes de 30 ans.
Ce qui nous amène à un autre thème majeur du film qu’est l’amour. Jonathan va se retrouver confronter à un choix crucial entre d’un côté préserver son couple en consacrant du temps (encore lui) à sa relation et de l’autre se donner corps et âme dans son projet de comédie musicale quitte à échouer : « fear or love ». Ce dilemme, leitmotiv du film, nous est livré avec douceur et musicalité.
Un autre thème central du film et non des moins intéressants est la peur de la page blanche et la manque d’inspiration chez un artiste. En effet, lorsque nous sommes spectateurs, nous ne nous demandons pas forcément comment l’auteur d’une œuvre a réussi à la faire naître et lorsque nous aimons les œuvres d’un artiste, nous avons tendance à vouloir une autre création de cet artiste. Mais la création d’une œuvre n’est pas simple. Comme le montre le film, cela demande du temps, beaucoup de travail, de nombreux sacrifices mais également l’inspiration dont l’artiste ne connait pas lui-même la provenance. Il peut arriver qu’il soit inspiré un jour et que le lendemain plus rien. L’artiste ne maîtrise pas son génie ce qui est d’autant plus angoissant lorsque comme Jonathan, on mise toute notre vie sur notre œuvre.
Le film prend ainsi la forme d’une comédie musicale très épurée au caractère autobiographique. En effet, il ne faut pas s’attendre au caractère burlesque et fantastique de comédies musicales telles que Moulin Rouge ou The Greatest Showman mais à quelque chose de beaucoup plus simple et dramatique.
Qui dit comédie musicale dit bien évidemment musique. Nous retrouvons ici les morceaux écrits par Jonathan Larson et interprétées par Andrew Garfield lui-même qui donne de sa voix pour des résultats époustouflants. Nous retrouvons également dans de nombreux morceaux, et pour le plaisir de beaucoup, Vanessa Hudgens (High School Musical).
Vous l’aurez sans doute compris mais mon avis sur le film est plus que positif. Il s’agit pour moi d’un réel coup de cœur permis par l’extraordinaire performance et investissement d’Andrew Garfield dans le rôle de Jonathan Larson ; rôle qui lui a par ailleurs valu le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical pour l’année 2021 et une nomination pour l’Oscar du meilleur acteur. En effet, l’acteur dont la carrière a déjà prouvé à de nombreuses reprises le talent (Tu ne tueras points, Under the Silver Lake…) porte le film sur ces épaules et lui donne toute sa plus-value.
Si je devais formuler un regret par rapport au film, je dirais que je regrette de ne pas l’avoir découvert au cinéma. En effet, il s’agit d’une production Netflix qui est donc disponible exclusivement en streaming.
Créée
le 10 mars 2022
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