Un très bon film de science-fiction qui manque un peu d’ambition pour devenir culte

Ce qui frappe immédiatement dans Time Out c’est l’esthétisme soigné de l’univers imaginé par Andrew Niccol. Le décor oscille entre une banlieue ghettoïsée de l’Ohio et une riche mégalopole imaginaire nommée New Greenwich. Ici, pas d’éléments trop futuristes qui viennent polluer le paysage : nous sommes dans un future proche. L’empreinte esthétique du film réside également dans ce compte à rebours vert fluo tatoué sur l’avant-bras des personnages qui scintille dans le noir et qui symbolise la brièveté de la vie, du temps. Et il faut bien l’avouer : l’idée directrice du film est tout simplement géniale !

Le temps est totalement monétisé dans ce polar fantastique. Prendre un café, se déplacer en transports vous coûtera du temps au sens propre et vous rapprochera un peu plus de la mort. Tandis que les jours paraissent une éternité pour les riches, les plus pauvres doivent économiser leurs précieuses minutes pour espérer vivre jusqu’au lendemain : un carpe diem forcé en somme. « Le temps, c’est de l’argent » ne pouvait rêver meilleure interprétation ! Le film fourmille ainsi de très bonnes idées en rapport avec le champ lexical et l’iconographie du temps.

On regrettera peut-être le choix de ne pas replacer l’intrigue dans un environnement réel : cette science-fiction aurait gagné en vraisemblance. Heureusement, on s’attache au personnage interprété par Justin Timberlake, parfait dans ce rôle de bad boy robin des bois du futur. Oui Justin chante, danse et joue la comédie avec brio. Rappelons que c’est sa 3ème apparition au cinéma cette année après « Sexe entre amis » et « Bad teacher ». Il apporte à Time Out toute la crédibilité qui manque au scénario, pas assez abouti à mon sens.

En effet, on note une progression du film assez floue avec des allers retours entre le ghetto et la city qui ne font pas avancer l’intrigue à grands pas. Certaines pistes scénaristiques passent même à la trappe (le passé du père du héros à peine évoquer par exemple). On sent bien que l’intrigue a été simplifiée au profit d’une meilleure compréhension du spectateur. Ceci a l’avantage de garder un rythme soutenu tout le long du film. Nous sommes tenus en haleine par l’action. On ne note aucun temps mort ! Malheureusement, les ambitions limitées du film sonnent comme une déception pour le spectateur qui s’imaginait un champ des possibles infini avec une aussi bonne idée de départ.

Time Out aborde néanmoins intelligemment les thèmes de l’immortalité, l’éternelle jeunesse, la concentration des richesses, la sélection naturelle selon Darwin, etc… Ceux-ci traduisent à la fois les inquiétudes de nos sociétés d’aujourd’hui et anticipent les fléaux de nos sociétés de demain ! Le film est pour ainsi dire une métaphore des déboires de la finance mondiale actuelle et de la lutte des classes. On retrouve bien le cynisme et les thèmes sociaux des précédents films d’Andrew Niccol (réalisateur de « Bienvenue à Gattaca » et scénariste de « The Truman show », tous deux excellents).

On retiendra le très beau duo constitué de Justin Timberlake et de la charmante Amanda Seyfried à la beauté froide et intrigante : les Bonny and Clyde des temps modernes. A cela s’ajoutent deux ou trois scènes sublimes dans lesquelles les personnages courent après le temps qui fuit sur une bande-originale discrète mais puissante composée par Craig Armstrong : un lyrisme indescriptible ! Enfin, n’oublions pas la morale du film qui vient nous remettre les pendules à l’heure : il faut vivre pleinement le jour présent comme si c’était le dernier…
VladimirBodirog
7
Écrit par

Créée

le 31 mai 2013

Critique lue 329 fois

Critique lue 329 fois

D'autres avis sur Time Out

Time Out
real_folk_blues
2

RETARDÉ

Excusez moi mais je suis pressé, je vais donc faire bref, j'ai déjà perdu assez de temps à regarder ce film dont la traduction française du titre anglais signifie exactement le contraire en...

le 9 févr. 2012

85 j'aime

33

Time Out
HarmonySly
6

Le temps c'est de l'argent

Un film d'anticipation carré et efficace, malheureusement plombé par de nombreuses erreurs factuelles et une romance un peu chiante entre Justin Timberlake et Amanda Seyfried. Le concept initial...

le 24 nov. 2011

45 j'aime

2

Time Out
cinewater
4

La bourse ou la vie

Le titre anglais est In Time, dans nos contrées le titre est "traduit" en Time Out... Allez savoir pourquoi. Il me semble plus intéressant de débattre sur l'idée de base du film. Le pitch est en...

le 29 févr. 2012

25 j'aime

4

Du même critique

Martha Marcy May Marlene
VladimirBodirog
6

Un premier film courageux mais déséquilibré

Je ne sais pas ce que vous en pensez mais j’ai personnellement toujours eu un peu de mal avec les films dont le titre est imprononçable ou difficile à mémoriser. Ce défaut donne souvent à l’œuvre un...

le 31 mai 2013

1 j'aime

The Darkest Hour
VladimirBodirog
7

The Darkest Hour est une belle surprise !

A première vue, le film pourrait s’avérer repoussant en raison de son registre apocalyptique trop souvent utilisé dans les films américains. Mais ce n’est sans compter la maîtrise de son réalisateur...

le 31 mai 2013

1 j'aime

Prometheus
VladimirBodirog
9

Prometheus marque-t-il le grand retour de Ridley Scott au genre qu’il a contribué à définir ?

Sir Ridley Scott l’avait annoncé : la connexion avec Alien se fait seulement dans les 8 dernières minutes de Prometheus. Pourtant l’ADN de la saga horrifique est bel et bien présent tout au long du...

le 31 mai 2013

1 j'aime