Tintin et le soleil pas encore levé (Ma vraie note 6,5/10)

Douze ans après Le Crabe aux pinces d'or 1947, une nouvelle adaptation de Tintin au cinéma est confiée aux studios Belvision.

Bien qu'ils aient été considérés comme l'équivalent européen de Disney, Belvision n'avait ni les mêmes moyens, ni le même talent que ce dernier.

La preuve étant que malgré le fait qu'ils aient tâté le monde du cinéma et qu'ils aient tenté de lancer plusieurs séries d'animation, la qualité n'était pas toujours au rendez-vous. Plus particulièrement dans leur série Les aventures de Tintin d'après Hergé étant...

Comment dire?

https://www.youtube.com/watch?v=ourkfTiZ6wI

BERK!

Heureusement, ce ne fut pas ce genre d'animation qu'on vit dans leur film d'animation Tintin et le Temple du soleil.

Mais parlons d'abord de l'histoire: ce film adapte le diptyque des albums Les 7 boules de cristal-Le Temple du Soleil. Ce diptyque d'albums est probablement l'aventure la plus adaptée puisqu'elle a (forcément) été également dans la série d'animation Les aventures de Tintin de 1992 ainsi qu'en comédie musicale appelée Tintin: Le Temple du soleil créée en 2002. Malheureusement, cette dernière est indisponible aujourd'hui ni en format physique, ni en streaming; toutefois on peut trouver la BO des chansons sur internet https://www.youtube.com/playlist?list=PLMO8Bctov7fRjtppuz9fQdbxpafBL4-iL

Mais revenons sur le film d'animation de Belvision.

Dans cette aventure de Tintin, un groupe d'explorateurs trouvent de magnifiques trésors archéologiques au Pérou et veulent les ramener avec eux pour faire découvrir ces merveilles à l'Occident. Malheureusement, ils ne prennent pas garde à la prophétie du dieu-soleil Rascar Capac ne permettant pas qu'on touche à leurs trésors sacrés.

Dans des milliers de lune viendront sept étrangers au visage pâle, et ils profaneront la demeure sacrée de Celui-qui-déchaîne-la-foudre. Et ces profanateurs emporteront le corps de l'Inca dans leur lointain pays. Mais la malédiction divine s'attachera à leurs pas et les poursuivra par-delà les mers et les monts. Et le jour où, dans un éclair éblouissant, Rascar Capac aura déchainé sur lui-même le feu purificateur et sera retourné à son élément primitif, ce jour-là sonnera pour les impies l'heure du châtiment.

Tous les explorateurs tombent dans un coma inexpliqué les uns, les autres tandis que Tournesol, étant l'ami, d'une des victimes, mets involontairement à son bras le bracelet de la momie de Rascar-Capac. Le voilà donc considéré comme étant le huitième profanateur par les Incas, fidèles du dieu-soleil, qui l'enlèvent pour le châtier à son tour.

Tintin et ses amis n'hésitent pas un seul instant et se lancent à la rescousse de leur ami jusqu'au Pérou pour le retrouver et le sauver.

Que vaut donc ce film?

Hélas, la première chose à constater est que ce film a un énorme problème général: la partie consacrée à Les 7 boules de cristal est complètement bâclée, ce qui fait que si nous n'avons pas lu Les 7 boules de cristal avant de voir Tintin et le Temple du soleil, nous ne comprenons pas pour quelle raison le dernier savant Bergamotte est aussi étroitement protégé par Tintin et ses amis. En effet, le film ne nous explique jamais que Bergamotte est un ancien ami de Tournesol et que c'est ce dernier qui a convaincu Tintin de protéger le savant de près.

Cependant, malgré cette déception, le film est une oeuvre plutôt réussie.

En effet, la première chose à saluer est la BO du film. François Rauber a fait une parfaite partition instrumentale notamment en ayant composé un thème principal mémorable

https://www.youtube.com/watch?v=Lq6syJvB6sc

Dommage que nous soyons aussi obligés d'entendre des chansons niaises de Jacques Brel n'amenant rien au récit et donnant un film côté sous-Disney dont on aurait pu se passer.

https://www.dailymotion.com/video/xm2t27

https://www.youtube.com/watch?v=slG4IwEL3dI

Mais revenons aux qualités. Visuellement, les lieux et costumes sont magnifiques emplis de très belles couleurs.

De plus, les passages dans les villes semblant isolées du reste du monde et la dangereuse nature hostile donnent l'impression que le film À la poursuite du Diamant Vert s'est spirituellement inspiré de l'univers de Tintin pour créer son aventure se déroulant dans le même genre d'ambiance coupée du monde, verdâtre et dangereuse. Passages durant lesquels nous avons droit à de belles scènes contemplatives ainsi que d'excellentes scènes d'action pleines de suspense.

Par contre, si les décors sont beaux, l'animation elle n'est pas toujours au top. En effet, si les personnages sont joliment expressifs, par moments, les mouvements de ces derniers font un peu carton donc ne sont pas visuellement convaincants. Ce qui n'a rien à voir avec le fait que c'est un vieux film étant donné que Belvision avait sorti Astérix et Cléopâtre l'année précédente, film à l'animation bien plus belle que celle de Tintin et le Temple du soleil.

Parlons maintenant des personnages, ils sont comme ils sont pour notre plus grand plaisir. Tintin est fidèle à lui-même: courageux, altruiste, fort physiquement et intelligent. Haddock est toujours aussi colérique et aime toujours autant la bouteille. Milou est toujours le même fidèle compagnon canin intelligent mais espiègle.

De plus, un nouveau personnage est présent à savoir Zorrino, un petit Quechua aidant Tintin à partir à la recherche de Tournesol durant les nombreux périples sur le chemin du groupe.

Ah! Nous voici face au problème principal de l'histoire. En effet, durant le film, on passe souvent notre temps à nous demander pourquoi Haddock et Milou sont présents si ça n'est pour autre chose que le fan-service étant donné qu'ils ne servent à rien à l'histoire et sont surtout là pour le gag et servent plus de faire-valoir que de personnages aidant vraiment Tintin comme ils l'ont souvent fait dans les autres albums.

Ce qui est encore pire en ce qui concerne les présences des Dupondt envahissant le récit alors qu'ils sont inutiles dans ce dernier et, qu'en plus, ils sont à peine présent dans l'histoire de base.

En effet, si Tintin ne récolte pas tous les lauriers étant donné qu'il a besoin de Zorrino pour partir à la recherche de Tournesol, c'est, néanmoins, lui qui affronte, pratiquement à lui tout seul, les dangers se trouvant sur la route du groupe pour permettre au périple d'avancer.

Un autre gros défaut est l'invention du personnage de la Princesse Maïta ne servant absolument à rien dans l'histoire...

Il aurait été plus judicieux d'inventer un personnage d'enfant étant celui ou celle d'un des explorateurs dans le coma frappé par la malédiction de Rascar Capac pour renforcer davantage la détresse/souffrance des sept humains en voyant leurs proches souffrir également de leurs absences et étant incertain sur leurs sorts. Personnage d'enfant ayant pu avoir une conversation avec Tintin le/la rassurant sur le sort de son père qui pourrait s'en sortir selon lui. Cela aurait également permis au film d'adapter davantage Les 7 boules de cristal avec une liberté bienvenue au lieu de la bâcler pour se consacrer exclusivement à Le Temple du soleil.

Heureusement, ce fut chose faite dans l'adaptation en comédie musicale Tintin: Le Temple du soleil ayant supprimé Maïta pour, à la place, créé une fille à Clermont, l'un des explorateurs dans le coma, appelée Fleur ayant un échange avec Tintin lorsque celui-ci rend visite aux sept humains victimes de la malédiction de Rascar Capac

https://www.youtube.com/watch?v=2CeAsMUySt8

On peut également regretter l'absence du prêtre Inca Huascar qui avait un rôle intéressant dans l'album Le Temple du soleil.

Penchons-nous maintenant sur le doublage. Ce dernier est dans l'ensemble assez réussi.

Philip Ogouz réussi parfaitement bien à incarner un jeune garçon plein d'entrain, de courage et casse-cou qu'on aime tant chez notre reporter préféré.

Claude Bertrand est également un bon Capitaine Haddock en lui donnant une voix grave et râleuse correspondant tout à fait au personnage.

Quant aux Dupondt, le premier est doublé par Guy Piérauld connu pour avoir été la voix de Bugs Bunny et le deuxième par Paul Rieger ayant un ton faussement autoritaire peu crédible.

Néanmoins, il y a quelques hics par rapport à certaines voix.

Lucie Dolène n'est pas un excellent Zorrino sa voix ne ressemblant pas à celle d'un garçon de dix-douze ans mais à celle d'une femme ne parvenant pas à rendre sa voix suffisamment infantile pour paraître convaincante.

Bref, Tintin et le Temple du soleil est un film imparfait. Néanmoins, il est divertissant à voir et permets de passer un moment détendant.