On peut se demander quel est le point commun à Jules et Jim, Fahrenheit 451 ou Tirez sur le Pianiste dans l’œuvre de François Truffaut. Aucun si ce n'est le hasard. Les sujets sont tous tirés de bouquins trouvés au Marché aux Puces. Mais le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Ici mauvaise pioche. Truffaut aurait mieux fait de s'acheter Pif le chien.
Le film offre comme principal intérêt celui de voir réunis deux grands artistes de la chanson : Boby Lapointe, beaucoup trop rare, qui chante deux chansons, accompagné par Aznavour au piano qui lui ne chante pas, c'est le meilleur moment du film,. Hormis ce moment culte pour l'histoire de la chanson le film se traîne en longueur. Aznavour, plus chanteur qu'acteur, essaie de sauver les meubles, ainsi que Nicole Berger et Marie Dubois dans des rôles tragiques. Mais les acteurs qui jouent les malfrats dont l'un est interprété par l'écrivain Daniel Boulanger jouent si faux que ça ne peut être que voulu pour donner une note burlesque incongrue à la tragédie.
Truffaut montre ici ses limites dans le genre du film noir. Cette fois se vérifie le dicton « Qui regarde Truffaut il a tout faux » Le film dégage un irrépressible ennui et avance comme une tortue avec son déambulateur. Bien que ne durant qu'une 1H18 il donne la curieuse impression de durer le double. Je l'ai revu plusieurs fois mais c'était pire à chaque fois, pour un film noir c'est beaucoup trop foutraque et burlesque pour captiver l'intérêt.
Pourtant j'aime bien les films en partie autobiographiques de Truffaut avec Antoine Doisnel. Mais dans ce film le terme de nouvelle vague est hélas à prendre au sens littéral et il faudrait plutôt parler de fiction courte et confuse.
Et même le titre est foiré. Tout le monde dit beaucoup plus convenablement : « Ne tirez pas sur le pianiste ». C'est au moins plus moral même si ce n'est pas le changement de titre qui aurait rendu le film plus intéressant.