Tout sentait le roussi. Projection tendue à Cannes, scandale créé de toutes pièces pour la promotion, palme d'or remise par un Spike Lee en roue libre dans une cérémonie absolument bordélique. Et quand on sort de l'heure 40 que dure Titane, la seule question qui sort, c'est "à quoi bon ?". Pour le trash, Tarantino a fait plus jouissif, Pasolini plus immoral, Noé plus mis en scène, Cronenberg plus repoussant. Et pour le reste... Le scénario écrit à la truelle fait passer Christine de Carpenter pour du Kechiche, tant c'est hors du réel et jamais expliqué. Alors du coup on a une première demi-heure un peu énervée, mais moins que Grave, qui effleure ses références sans les magnifier, et on esquissera un petit regard de dégoût de temps à autre. Et puis arrive Vincent Lindon, qui semble être le seul à vraiment travailler sérieusement, ironie tragique d'un film pourtant conçu par une majorité de femmes et qui se voulait féministe et LGBTfriendly. On repassera là dessus, le féminisme consistant en une épingle plantée dans une oreille, le message LGBT consistant en deux scènes lesbiennes trop pipou et un changement de genre simulé et temporaire, dont les litres d'huile de moteur conclusifs ne parviennent pas à masquer l'inutilité et le manque d'intérêt. Titane est un naveton raté, lâche, sans et hors de propos, qui fait passer la palme d'or pour un joli grigri pour cinéaste prétentieux. Et même là c'est raté, il aurait fallu la filer au Carax.