Je pense que l'intention de Ducournau était moins de raconter une histoire que de faire du cinéma qui nous plonge dans l'expérience de la souffrance physique. Elle le rappelle sans cesse en avortant (lol) plusieurs pistes de scénario et si le spectateur essaie de prendre ce film au premier degré, il sera vite déçu. Faites de la place au chimérique et à l'imaginaire débordant de Julia Ducournau et laissez vous emporter.
Comme introduction à son film, Ducournau nous a souhaité d'en sortir plus vivant, le but est donc de nous faire vivre une pléthore de sensations viscérales, mais également de repenser la binarité du monde et la complémentarité des opposés (sur lesquels se construit le développement de l'histoire). Certes, ce film est extrêmement trash mais c'est du trash qu'on prend plaisir à admirer pour toute son esthétique.
Ducournau pose un nouveau regard sur les corps par rapport à Grave qui était beaucoup plus empli d'humanité. Ici, c'est le froid du titane qui est exploré et sa proximité avec l'humain. J'ai vraiment hâte de découvrir comment, dans ses prochains films, elle va étudier les corps !
Le charnel dans l'horreur est ce qui me répugne le plus à titre personnel, c'est ce qui me fait ressentir le plus ce que je vois à l'écran, et Ducournau le sait et adore ça. Elle utilise les corps de ses protagonistes pour faire souffrir son spectateur : la grossesse, le nez éclaté, la broche dans l'oreille. Elle joue sur cette exécration profonde que provoquent les corps décharnés, contorsionnés, la chair à vif et les transformations corporelles.
Bref Titane ça se vit dans les tripes, courrez mater ce film sauf âmes sensibles (s'abstenir mais genre vrmt).