On allait à cette séance de minuit avec beaucoup d'aprioris : le bad buzz à Cannes (les spectateurs évacués de la salle au bord du malaise, toutes les mentions d'un "film dégueu"...) qui nous faisait redouter un "Grave" multiplié par deux dans la boucherie. Mais, on va passer pour la zinzin de service : on a beaucoup aimé ce Titane. Pour commencer par l'évidence, l'actrice Agathe Rousselle est impressionnante, en campant ce personnage dont on ne peut jamais lire les pensées, jamais prévoir le prochain coup, étant à la fois effrayant et attristant : pour nous, le point fort du film. A ses côtés, Vincent Lindon revient en force avec un personnage désespéré et sur le déclin très attendrissant, un rôle qu'on croirait sur-mesure. Cependant, ce qui nous a le plus épaté dans ce Titane, c'est la facilité avec laquelle le scénario prend la tangente sur les clichés auxquels on s'attendait. Au début, on pensait avoir affaire à un autre "film crade avec une tarée qui tue tout le monde" et bien vite le film abat sur la table ses atouts scénaristiques très intéressants : la peur de la grossesse, de l'accouchement, le deuil impossible d'un enfant perdu, l'amour désintéressé d'un inconnu, tout ceci mélangé avec un délire cyberpunk (la relation sexuelle féconde entre la femme et une voiture... On a adoré cette idée, surtout aussi bien développée jusqu'au tout dernier plan du film). Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas autant aimé un délire d'auteur, qui semble être le bad trip d'un Basic Instinct (sexe et pic à glace) avec Christine (un amour de voiture...mortel). Pour ce qui est du gore et de la violence; clairement on a vu plus trash dans la catégorie "interdit aux moins de 12 ans", on suppose que le "-16" se justifie par les scènes dénudées un peu violentes (mais pour nous, jamais gratuites, du fait de la thématique de la peur viscérale de l'enfantement mélangé au délire mécanique, qui méritait donc bien quelques scènes-chocs). Dernière bonne surprise : on était persuadé jusqu'à la séquence finale qu'on aurait "la fin inverse" à celle présentée (on s'attendait à
ce que le père meure de la main d'Alexia
), qui nous a donc vraiment étonnée dans le (très) bon sens du terme. Au final, on a même trouvé que Titane possédait son lot de scènes sensibles, pleines d'émotions (si si), lorsqu'il aborde le sujet de la filiation difficile, de la féminité sous toute sa violence physiologique. Bref, inutile de tourner autour du pot (d'échappement), Titane a été une bonne surprise.