Titane : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion,
donnant des alliages très durs.
Voilà comment le film se présente. Soyons honnête tout de suite, je n’ai pas tenu jusqu’au bout, je suis sortie au de la salle aux deux tiers du film — tout ce qui se dire ci-dessous est donc hautement partiel et subjectif (même si mes camarades de salles m’ont raconté la fin). Si je devais retenir une chose, c’est le talent cinématographique indéniable de Julia Ducournau. Titane, c’est beau, très beau. Les compositions de scènes sont incroyables, notamment ces plans larges qui ressemblent à des tableaux de maîtres du clair-obscur. Le sens du rythme et de la musique, les transitions, la direction d’acteurs font mouche. Les acteurs ont peu de dialogues et s’imposent par leur corps, leur présence animale et magnétique. Leur performance est tout simplement sublime.
Julia Ducournau est audacieuse et frontale, dans le sens qu’elle nous rentre dedans à pleine puissance, et ses personnages sont des fauves blessés mais indomptables. Je salue donc la volonté du Jury de Cannes de célébrer un autre cinéma, loin des palmes habituelles. Même si je sais pertinemment que les prix et jury du cinéma sont éminemment politiques, et que d’autres éléments entrent en ligne de compte dans ce choix.
Mais voilà, malgré tout ça, je suis sortie de la salle, et je n’ai pas apprécié le film. Car cette violence envers soi, cette autopunition crue et enragée m’a révulsée. C’est vrai, je n’aime pas l’horreur. Encore moins quand elle a l’air si vraie, si perceptible dans mes propres chairs. Et Titane me refuse une justification, m’empêche de m’accrocher aux branches d’une raison même ténue devant ce spectacle. Difficile alors de juger Titane, une œuvre qui assume pleinement l’ambiguïté et souffle les braises entre fascination et répulsion.