Si la réalisatrice française Julia Ducournau a indéniablement du talent pour sa mise en scène et sa direction d'acteurs, puis un projet d’œuvre autour des corps, notamment féminins, en performance, en changement et en dépérissement, Titane, pourtant primé de la Palme d'Or, ne confirme pas la très bonne surprise que fut cinq ans plus tôt son premier long-métrage Grave.
Ce film fait suivre aux spectateurs trois intrigues : une de psychokiller suivant le parcours halluciné d'une tueuse en série plus proche des machines que des autres humains, un drame familial mâtiné de thriller, avec la meurtrière en cavale se faisant passer pour le fils disparu d'un pompier vieillissant anabolisé et paterfamilias dispenseur de vie ou de mort, puis la grossesse monstrueuse et biomécanique de la criminelle répondant aux codes du body horror.
Le tout est fort bien mis en scène par Ducournau et les personnages principaux de cette relation père-fils/fille sont excellemment interprétés par les acteurs français Agathe Rousselle et Vincent Lindon, avec son lot de scènes marquantes, mais qui ne font pas mériter au film sa réputation de turpidité depuis sa projection au festival de Cannes.
Malheureusement, le dénouement de Titane ne réussit pas à trouver une fin satisfaisante à cette histoire de quêtes d'humanité et de rédemption dans l'amour familial pour ses personnages troubles, en péchant par formalisme et brusquerie au dépend du traitement des intrigues, des enjeux et des thèmes posés tout au long du film.