Film clivant après sa palme d'or en 2021, j'étais curieux de trouver un objet osant milles choses a la hauteur d'une réputation soi-disant sulfureuse, transgressive et dérangeante mais autant le dire tout de suite, bien qu'il y ait des tentatives louables cela reste bien timoré pour nous retourner les entrailles car Julia paraît bien peux connectée (ou effrayée ?) a son sujet.
Je m'attendait a un film qui ose visuellement des expériences entre organique et mécanique, une violence viscérale mais au final c'est très pudique et ce n'est même pas comme si il était du à un travail du hors champs, dans certaines scènes elle se rapproche de cette dimension prétendue mais elle ne fait qu'y cligner l'oeil, ce que l'on pourrait prendre pour du hors champs ressort plutôt comme un peur d'oser le plan scandaleux, le plan qui dérange car Julia à sûrement peur de se salir et préfère fantasmer son imaginaire inavouable que de le réaliser à l'écran.
La scène de copulation avec la voiture en est toute démonstrative, elle commence pour le coup avec un vrai choix face au dilemme que ce genre de scène pose, évoquer ou oser l'infaisable, deux manières différentes mais toute aussi forte l'une que l'autre et Julia choisi d'évoquer le geste, de travailler l'imaginaire du spectateur avec le coup classique de la voiture qui rebondit mais qui prend forcément une nature différente avec le contexte du film, les phares qui éblouissent l'écran au rythme de la jouissance supposée du personnage. Sauf que Julia veut essayer faire la vilaine fille et ne peut s'empêcher de montrer ce dont elle n'a pas les moyen, l'acte dans sa dimension physique et littérale, un plan ridicule et amateur qui détruit le geste initial, une réaction adolescente de vouloir prouver quelque chose hors de sa portée.
Même la scène de danse sur des capot brillants et des moteurs rutilants est plus insipide que les trémoussements des bimbos de fast and furious, le film baigne ainsi dans un formalisme clipesque et tape à l'oeil qui ne réussit même pas sa raison fondamentale, séduire le spectateur.
Elle réussi tout de même à raconter quelque chose à travers le personnage de Lindon par la mise en scène et un peu de subtilité, ce qui est sans aucun doute l'intérêt et la force du film
car avant ça, le film n'est qu'un acte adolescent de destruction irréfléchie par un personnage qui subit sa différence et rejette, fuit le monde par les meurtres et la transgression des bonnes moeurs, motivé non pas par l'acceptation de soi mais par le désespoir d'être ce qu'elle est. La preuve en est qu'elle subit les conséquence de ses actes déviants plutôt qu'elle ne les chérit.
Le personnage de Lindon aussi est désespéré, d'être fini, sans descendance qu'on lui a ravit, mais il s'accroche à coup de stéroïdes et d'illusions qu'il sait, dont il veut se convaincre, la communique avec les autres en espérant la réponse désirée et persévère bien qu'il ne l'obtient pas, quitte à forcer la réalité. Cette conscience du personnage nous fait entrer en empathie avec lui alors qu'il aurait très bien pu être un objet de rire méprisant des spectateurs.
D'ailleurs je ne sais pas si c'est voulu ou bien une maladresse mais le film est drôle de ridicule à certains endroits.
De cette rencontre entre le désespoir qui fuit et le désespoir qui force la réalité nait l'abomination hybride finale, tout comme le film est la rencontre entre la volonté de déranger persistante de la cinéaste et sa fuite constante de son sujet, un hybride entre sulfure et confort.