Le Beau Jack et la Belle Rousse, acte 174

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Le Titanic, ce n'était pas uniquement un traumatisme pour les naufragés, ça l'était également pour ceux qui, comme moi, ont dû subir les déclarations débordantes de guimauve par des pré-adolescentes qui t'expliquaient le sens du pourquoi elles n'avaient jamais autant pleurer devant un film, et surtout comment elles avaient évité l'ébullition dans leur petite culotte à la vue du beau Jack.


À chacun de mes visionnages, le long-métrage de James Cameron me fait mentir. Il ne m'est jamais arrivé de bouder mon plaisir pendant le visionnage, et à aucun instant il ne m'est venu à l'esprit de pester contre telle ou telle chose, contre tel ou tel choix scénaristique, musical ou visuel. A contrario, avant et après le visionnage, il y a comme une hypocrisie de ma part et j'en suis bien conscient, il m'est presque arrivé de renier l'émotion procurée par la mise en scène de James Cameron. Et ce qui magnifie d'autant plus Titanic à mes yeux, c'est qu'il est le seul à se retrouver dans cette situation d'ambiguïté ; conscient de ses grossièretés, de ses poncifs, de sa surdose sentimentale pleine d'exagération et davantage conscient de ses longueurs atténuantes. Mais je vais revenir sur tout ça (ci-dessous), en plusieurs points.


_ Film-fleuve qui multiplie les longs, très longs moments laissant le temps d'introduire les personnages, leur histoire respective et au-delà de tout, le paquebot qui lui donne son nom. Présenté ainsi, le voyage m'émerveille à chaque fois dans les dix premières minutes qui suivent la rencontre de Rose et le chef d'une expédition sous-marine, Brock Lovett. À ce propos, nombreux sont ceux qui se sont sentis agacés par ces retours dans le monde contemporain; guidés par une frustration qui leur gâche la charge dramatique qui enveloppe le Titanic et qui n'est pas sans rappeler un certain désamour de ces éternels rêveurs qui auraient préférés ne pas vivre ces retours à la réalité. L'effet recherché par le réalisateur est donc contestable et ouvre un petit débat, qui malgré tout n'a pas une si grande incidence sur l'image du film.


_ L'esprit troublé de Rose, et tout son lot de bagatelles, n'y échappent pas non plus. Bien plus que cet intérêt qui est porté pour son idylle avec Jack, qui est lui-même paralysé par le fait qu'il n'ait jamais existé, c'est la symbolique de leur relation qui met un terme à toutes les critiques possibles et inimaginables, car sans cette parallèle entre Jack (pauvreté, liberté) et Rose (noblesse, sujétion), le Titanic de James Jameron ne serait pas ce qu'il est. Effectivement, face à cette catastrophe qui frappe de plein fouet le paquebot, ces deux icônes préservent un équilibre précieux pour cette histoire de naufrage, nous permettant ainsi de garder la tête hors de l'eau.


_ Grand bien lui fasse, Titanic pourrait sembler être une expérience poussant à la réflexion et à la remise en question, mettant la lumière sur l'injustice entre les classes. Que cela lui soit profitable s'il en est ainsi, mais Titanic est avant tout une œuvre d'art digne de son prestige puisqu'elle réussit le pari de donner l'illusion parfaite d'une aventure en mer, dont la pureté et l'éclat n'ont jamais été aussi magnifiquement montré, touché et joué, flattant nos sens en éveil.


Abordant les limites du mauvais goût à maintes reprises, récitant son poème à la gloire d'une époque lointaine, sans oublier pour autant d'en montrer les horreurs, Titanic n'est nullement conçu dans le but d'intellectualiser ses propos et ses images. Il est certes l'objet de quelques discordes scénaristiques, cependant les moyens déployés par James Cameron crèvent l'écran. Outre le fait que je lâche ma petite larme chaque fois au même endroit (vous devinerez aisément de quoi il s'agit), ce qui renforce Titanic c'est cette richesse qui est telle qu'on ne fait que l'entrevoir. Et, preuve de son bon-vouloir, nous ne sommes pas en face d'un film qui met en valeur ses qualités de manière excessive, il évite habilement toute ostentation pour faire de ce modeste choc cinématographique ce qu'il a toujours été : une leçon de cinéma, la plus virginale qui soit, et aussi soudaine qu'éternelle.

Créée

le 22 août 2015

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Eren

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