Dans l'océan James Cameron, il y a un archipel. Cet archipel est appelé Schwarzy, et pour cause! Elle abrite Terminator 1 et 2, True lies, l'adaptation américaine de La totale de Claude Zidi. Ajoutez le Piranha 2 qui rôde auprès des côtes, flanqué d'un Alien 2 et voyez pointer en péninsule, un Rambo 2 qui cherche son scénariste. Au loin, derrière la brume, perce l'île d'Avatar.
Dans cet océan, il faut pousser en profondeur pour ne pas en rester à la distrayante surface. Il faut dépasser l'Abyss pour se rendre à l'épave du Titanic qui reprend vie sous nos yeux!
Titanic, un film oscarisé à onze reprises.
Titanic, un film qui a marqué sa génération.
Titanic, un film qui a jeté en pleine lumière Léonardo Di Caprio et Kate Winslet.
Titanic, le seul véritable et gigantesque chef-d'oeuvre de James Cameron.
Mais, comme le navire monstrueux dont il narre la fin tragique, Titanic a fait naufrage, englouti sous l'habitude et la peur d'un ridicule nostalgique.
C'est en fervent contestataire de la doxa que j'ai refusé de le voir quand tout le monde l'acclamait; c'est toujours en fervent contestataire de la doxa que j'ai décidé de le visionner lorsqu'il est devenu ce film "bien, oui, mais assez dépassé à présent".
Comme une Atlantide retrouvée, ce film plus que jamais fait couler des larmes aux saveurs diverses: rire, peine, émotion. Cela accompagné d'un roulement saccadé de tambours à rendre cardiaque au moment fatidique du naufrage.
Une émotion rare dans les autres films de James Cameron due à sa découverte de la réelle épave du Titanic dont il parle dans ses Fantômes du Titanic.
Cameron a eu l'idée plus que judicieuse d'encadrer son récit d'un cadre contemporain qui permet d'avoir du recul sur notre recul et d'apprécier avec d'autant plus de force émotionnelle cette remontée exceptionnelle dans le temps. Le Titanic est là, sous nos yeux, reconstitué à l'identique, comparé en taille aux petits bateaux du port et aux plus gros des poissons en mer. Et avec lui, la société aristocratique de son temps mais à travers une lentille multicolore qui exclut tout manichéisme. Il n'y a pas de méchant dans Titanic, même si certains personnages en font office. Il n'y a que des êtres humains aussi forts que faibles, aussi vertueux que vicieux, aussi fous que sensés et capables d'un incroyable sublime, celui des violonistes jouant pour éclairer au sein même du désespoir.
Cela s'accompagne d'un excellent casting: Di Caprio et Winslet dans une de leurs plus belles performance, formant un duo qu'eux-mêmes peinent à égaler dans Les Noces rebelles de Sam Mendès; Billy Zane, qui par son agitation, son léger cabotinage, rappelle que nous sommes à bord d'un film de James Cameron; Jonathan Hyde, apportant un zeste de De Palma ou Coppola à son personnage; Victor Garber et Ioan Guffrud qui apporte une touche de fraîcheur et de bons sentiments; le futur Théoden Bernard Hill en impeccable Capitaine échouant pour son dernier voyage; sans oublier Bill Paxton dans une brillante dénonciation de la bêtise et la lâcheté mondaine et politique.
On peut certes critiquer les ressorts classiques du film romantique (un trio amoureux, un amoureux en banc de touche mais qui emporte le coeur de la belle). Mais ce n'est pas un film romantique. On peut reprocher au naufrage, vécu de l'intérieur, dans ses différentes étapes plus sadiques les unes que les autres, un côté attraction de fête foraine comme en font tous les films catastrophe. Mais ce n'est pas un film catastrophe. C'est une fresque grandiose, immense, brillante et ténébreuse qui mêle romantisme, moeurs, catastrophe, aventures, archéologie et action. Un incroyable bijou, qu'on pourrait appeler.... le coeur de l'océan.