C'est l'histoire d'un gars...
... ou plutôt c'est une belle histoire racontée par un gars génial qui a eu la mauvaise idée de nous quitter cet été (http://fr.wikipedia.org/wiki/Satoshi_Kon).
Réalisateur du délurément coloré "Paprika", Satoshi Kon nous plonge dans la thématique de la famille avec Tokyo "Godfathers". Sur la trame d'un "Trois hommes et un couffin" aux accents dickensiens, il interroge en toute simplicité la définition de la famille, et par conséquence la nature de ses membres.
A l'évidence des liens du sang, Satoshi Kon oppose les liens humains, fraternels, et affectifs que peuvent - maladroitement - tisser deux sans domicile et une adolescente fugueuse. Si la jeune Miyuki s'accommode de la rue, elle doit aussi composer avec Gin, véritable double de Richard Boringer dans "Une époque formidable", et Hana, attendrissant Michou version nippone. Tant bien que mal, ce trio improbable traverse la ville et la vie au gré de leurs fortunes diverses, en s'oubliant petit à petit sous l'habit des ombres de la rue.
Mais leur moi profond va être bruyamment réveillé lorsqu'il vont faire la découverte d'un bébé abandonné. Tour à tour méfiant, mordant, drôle ou encore idiot, le trio va éprouver son amitié au-delà de son vécu, et va devoir trouver des trésors de solidarité pour survivre à cette épopée.
Contraints de se dévoiler jusqu'à leurs ultimes secrets, derniers vestiges de leur passé jalousement préservés, Hana, Gin, et Miyuki vont confronter leur cuirasse de la rue à l'innocence de ce nouveau-né sans défense.
Jamais complaisant, parfois évident, "Tokyo Godfathers" ne puise pas son génie dans la surprise ou le suspense, et l'on n'est jamais narrativement pris au dépourvu. La force et le talent de ce magnifique long-métrage réside en sa sincérité, et non pas en sa vérité.