Cette animation a du cœur, vraiment beaucoup de cœur. Alors on passe l'éponge sur son rythme et montage effrénés (il faudrait presque regarder le film en léger ralenti... Les scènes coupent souvent sec, trop tôt par rapport au gag, et ne nous laissent pas le temps de rire !), préférant se concentré sur tout ce que Tokyo Godfathers veut nous dire avec son trio de personnages drôlatiques et décalés. Une jeune fille en fugue, un soiffard qui a perdu de vue femme et enfant à cause de son addiction au jeu, et une trans rejetée par sa famille, ce joli trio de magnifiques losers s'accompagne d'un bébé trouvé sous des poubelles... Et on commence d'emblée à voir l'engagement de Satoshi Kon et Shogo Furuya pour les laissés pour compte : on s'offusque de voir un bébé jeté comme un kleenex, tout le rejet qu'a la société à l'égard de ceux qui ne rentrent plus dans le moule, et toute la misère des bas-fonds de la grande ville (valable pour toutes les mégapoles) qui cache ses SDF mourants sous des néons rutilants et ses images d'hommes d'affaires bien sapés. Tokyo Godfathers fait l'inverse : il ne regarde que ceux qui sont dans le caniveau, que ceux qui ont des addictions, qui ne seront probablement jamais sur une affiche publicitaire. Autant dire que l'on adore ce choix de revalorisation du bas de l'échelle (comme si on l'avait retournée). Outre cela, on tombe sur une course-poursuite finale qui nous fait oublier les moments creux de l'enquête et toutes les coincidences énormes du scénario (il semble que les personnages ne peuvent pas faire deux pas sans tomber sur leur famille perdue depuis des lustres... "Le miracle de Noël", dira-t-on). On regarde la fin sans ciller, et malgré toute la facilité des résolutions (
ils retrouvent leurs familles respectives, celle du bébé, gagnent au loto...
), on a un certain sentiment de bonheur par procuration qui fait du bien. Une animation parfois un peu maladroite, mais résolument sincère, et avec un coeur immense.