Parler de biopic quand il ne s'agit que de l'évocation d'une dizaine d'années d'une existence, qui en compta plus de 80, c'est évidemment exagéré mais le terme est devenu une facilité d'écriture qui décourage l'envie de rectifier. Passons. Tolkien raconte les années d'apprentissage d'un futur écrivain célèbre à travers sa scolarité, les figures romantiques de sa mère et de son amie/fiancée, sans oublier son expérience traumatisante de la guerre. Le film multiplie les allusions visuelles et discursives de l'oeuvre à venir, sans doute pour donner de l'intérêt à une vie qui, pour le reste, pourrait sembler bien peu spectaculaire au plus grand nombre des spectateurs, attirés par le nom de l'auteur et espérant vraisemblablement des indices sur la genèse de ses romans, bien postérieurs à l'époque décrite dans le film. Celui-ci est pourtant captivant parce qu'il rend compte d"une certaine éducation anglaise où il faut vaincre les préjugés de classe pour s'intégrer et même y avoir simplement accès quand on est orphelin et sans grandes ressources. Rien de palpitant a priori là-dedans mais la mise en scène de Karukoski, avec un scénario plus sage que celui de Tom of Finland, son précédent film, ne manque pas de panache, privilégiant un romanesque à l'ancienne, plus dans la passion que dans l'académisme. Par certains côtés, Tolkien rappelle le merveilleux Another Country ou encore Le cercle des poètes disparus avec l'insistance sur cette communauté de l'amitié formée par Tolkien et 3 de ses coreligionnaires. D'une grande fadeur diront certains, délicat et sensible, sans être mièvre, peut-on aussi argumenter et finalement relativement humble face à un auteur qui gardera une grande part de mystère (tant mieux). C'est un portrait fantasmé, peut-être, qui décevra les fans du Hobbit, mais joliment réalisé et interprété par Nicholas Hoult.