Tom à la ferme par Francis Janvier
Premier Xavier Dolan pour moi, et ça tranche radicalement avec l'idée que je me faisais de son cinéma (même si là apparemment c'est effectivement pas dans son style habituel). Tom à la ferme c'est la preuve irréfutable que le Québec peut faire de grandes choses dans le film de genre, habituellement réservé à Hollywood, et le faire mieux grâce à un petit côté arty et personnel non négligeable. Dolan nous offre donc ici un formidable thriller sous forme de semi-huis-clos très axé sur la psychologie, avec des moments de tension à glacer le sang, une violence retenue mais très crue et des personnages hautement ambigus aux réactions imprévisibles et parfois franchement surprenantes. Si de prime abord je me disais que c'était un peu lourd que Dolan revendique si ouvertement sa sexualité à travers ses films, ici c'est utilisé d'une façon absolument majestueuse, jouant sans cesse avec l’ambiguïté des scènes (cadrages et mise en scène qui sous-entendent un contact charnel), mais surtout avec celle de la relation qu'entretiennent Tom et Francis, qui se détestent et s'aiment d'une étrange façon, dansent ensemble et se tapent sur la gueule, se repoussent et ne veulent plus se quitter. Les deux protagonistes sont respectivement joués par Xavier Dolan et Pierre-Yves Cardinal, qui offrent tous deux des prestations époustouflantes, en particulier le second, véritable bête humaine souillée de graisse de moteur et de sang de vache. Le tout est rythmé par une bande-son parfaite signée Gabriel Yared (qui a travaillé avec Jean-Luc Godard, rien de moins), qui donne une ambiance folle au récit. Malheureusement, le film est tellement ambigu qu'il devient par moment assez incompréhensible, mais c'est si grisant à regarder qu'on n'y porte pas attention plus que ça.