Le film finlandais (et oui ce n’est pas si souvent) « Tom of Finland » ( qui porte donc bien son nom) entend raconter la trajectoire de l’homme qui a influencé toute l’imagerie érotique homosexuelle depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à nos jours. Ce biopic retrace l’histoire personnelle de cet ancien soldat doué pour le dessin qui se heurta à la pudeur des mœurs de l’époque et ne put vivre sa sexualité comme il l’entendait. Parallèlement, on assiste à l’émergence de toute une palanquée de vignettes associées à la culture gay. Des vignettes qu’on nommera des clichés avec le temps, mais qui ont été source de nombre de fantasmes de toute une population tout comme ils ont aidé à la démarginaliser.
Sur ces points, ce film est intéressant, instructif et il nous permet de voir d’où proviennent ces images de policiers musclés ou de motards moustachus. On assiste en quelque sorte à la naissance de l’héritage d’une communauté et de sa culture. Sans aucune démagogie mais sans originalité, Dome Karukoski sculpte le portrait d’un homme qui doit se cacher pour exister avec son lot de passages obligés comme les soirées dans les parcs devenus lieux de drague, les fêtes délurées mais clandestines ou l’apparition du virus du Sida. En fait, hormis la ligne directrice permettant de savoir le berceau de ces dessins et l’homme derrière eux, rien que de très classique et conventionnel. Pas grand-chose qui n’ait pas déjà été vu et souvent en mieux sur le grand écran, que ce soit dans des films communautaires et militants (Bruce LaBruce, « Les Nuits fauves ») ou plus hollywoodiens (« Loin du paradis », « Philadelphia », …).
L’ensemble du film est joliment mis en images et photographié. Karukoski sait filmer et rendre ce qu’il tourne agréable à l’œil mais il s’aventure parfois dans des digressions oniriques inutiles et dispensables. Et tout cela manque de rythme, notamment dans une première partie en Finlande trop longue et plate ou alors trop elliptique, c’est au choix. Par ailleurs, certains seconds rôles ne sont pas assez creusés. Le dernier tiers en Californie est de loin le plus intéressant car il ne parle plus de la difficulté d’être gay dans les années 50 mais véritablement de l’impact qu’ont eu les dessins de Tom sur le monde gay. C’est là que le film devient le plus intéressant. Et c’est là que l’on reste sur notre faim. « Tom of Finland » aurait donc pu être plus passionnant. A défaut, il est donc juste intéressant, parfois un peu ennuyant et légèrement anecdotique.